Boston Legal fait parti des séries les plus osées que j'ai pu voir. On pourrait presque la rebaptiser Politiquement incorrecte tellement elle va loin parfois. David E. Kelley avait déjà fait très fort dans Picket Fences, The Practice et Ally McBeal, mais il va encore plus loin dans Boston Legal.
J'admire Kelley, j'aime beaucoup son écriture (qui a pourtant toujours ses mêmes défauts), sa patte très reconnaissable, ça a donc été un bonheur de le voir exprimer ici tout son talent. C'est d'ailleurs incroyable de voir ce qu'il a réussi à faire passer à l'antenne de ABC durant 5 saisons, en pleine période Bush. Jamais je n'avais vu une série attaquer le système américain actuel aussi ouvertement, surtout pas sur une chaine à grande écoute. Les saisons 4 et 5 vont encore plus loin en collant d'encore plus près à l'actualité (et les élections de 2008) et en offrant un commentaire politique non seulement pertinent mais souvent plein d'humour. Ce qui est triste c'est que la série est maintenant finie depuis 7 ans, et que la plupart des problèmes que mettait en lumière la série sont toujours d'actualité.
Concernant les débuts, j'avoue avoir eu quelques difficultés durant la 1ère saison, peut être parceque je n'ai pas encore vu la dernière saison de The Practice, mais j'ai mis un petit moment avant d'accrocher aux personnages principaux (surtout Denny). Puis tout a commencé à décoller avec l'arrivée de Shirley Schmidt en milieu de saison. J'ai rapidement compris la sensibilité et la complexité des personnages, et je suis vraiment rentré dans leurs histoires. La série m'avait embarqué avec la fin de la saison 1, et la qualité n'a pas baissé jusqu'à la fin. Alan Shore est tout simplement un grand personnage de télévision, incarné à la perfection par James Spader. Le voir au top de sa forme, servi par une écriture aussi forte, est un vrai bonheur. Ses multiples plaidoiries (qui n'en finissent pas) au cours de la série sont fabuleuses.
Mais le coeur de la série est bien sûr la relation entre Alan et Denny, tout simplement un des meilleurs couples masculins que j'ai pu voir à l'écran. Il s'agit de deux hétéros, et c'est pourtant un des amours les plus touchants que j'ai pu voir dans une série entre deux hommes.
La série a bien sûr ses défauts, qu'on trouvait déjà dans Ally McBeal. Le plus ennuyant étant surement la manière dont plusieurs personnages secondaires disparaissent sans conclusion. C'est le gros point faible de David E. Kelley. Il donne l'impression de vite se lasser de ses jouets (sauf les principaux), le cast secondaire change toutes les saisons, et la sortie des personnages est souvent bâclée (voir ignorée). Et si la série est souvent très surprenante, elle a aussi tendance à beaucoup se répéter, et certains gags ou techniques peuvent s'épuiser à force d'insistance.
Mais on ne s'ennuie pas devant Boston Legal, c'est trop divertissement, bien rythmé et stimulant. C'est aussi une des seules séries à offrir des personnages principaux entre 45 et 75 ans. Dans une culture médiatique obsédée par la jeunesse, c'est vraiment rafraîchissant. La série nous fait penser que vieillir a aussi ses bons côtés, et se permet d'aborder des sujets sérieux sur la durée peu abordés ailleurs.
Il faut aussi dire qu'aucune série ne brise le quatrième mur comme Boston Legal. Elle se le permet à maintes reprises, et c'est hilarant à chaque fois.
La série ne connait enfin pas de saison de trop (contrairement à Ally McBeal, que j’affectionne beaucoup), elle se termine alors qu'on aurait voulu en voir encore plus, mais la conclusion est parfaite. Ne boudez donc pas votre plaisir.