Rares sont les séries qui procurent ce plaisir tout simple, où je ne vois pas vraiment les défauts, où chaque personnage principal est une réussite, The Durrells est une de ces séries.
Les quatre saisons nous racontent l'histoire d'une famille anglaise qui décide en 1935 de partir s'installer en Grèce, on suit donc leur intégration dans ce cadre paradisiaque mais à la culture très différente, et toutes les joies et les embûches qu'ils vont traverser.
La magie de la série vient de ses personnages, écrits et interprétés à la perfection, j'ai rarement vu une famille aussi bien incarnée, sans aucun maillon faible. La formidable Keeley Hawes joue une mère veuve tout à fait unique, pleine d'énergie, souvent très cash avec ses enfants et à la fois très aimante et protectrice. La sincérité avec laquelle elle incarne ce rôle est très beau à voir.
Les quatre enfants arrivent eux à être totalement différents les uns des autres et très attachants à leur manière. Gerry épate par la maturité du jeune acteur, Margo a les meilleurs one-liners, Leslie est aussi comique qu'émouvant, et Larry qui a pourtant le plus sale caractère est peut-être mon préféré. Ce qu'arrive à faire le génial Josh O'Connor (The Crown...) en étant méchamment direct et pourtant plein de bonnes intentions est très jouissif.
Cette famille très anglaise se retrouve ensuite entourée de plusieurs personnages secondaires, tous plus décalés et attachants les uns que les autres.
La grande force de la série réside dans ce ton drôle et décalé, soutenu par de très bons dialogues, mais qui laisse une vraie place à l'émotion des relations. C'est très drôle, parfois loufoque, mais toujours très sincère. Et en évitant le pathos ou la naïveté d'autres séries qui veulent trop en faire. Tout cela est évidement sublimé par les magnifiques paysages de l'île de Corfu, qui rendent la série tout à fait unique et authentique. Cet ensemble fait peut-être de la série le choix parfait pour un besoin d'évasion et de dépaysement. Je dirais même que l'ode à la nature et la place importante des animaux peuvent inspirer un sentiment écologique et une protection de l'écosystème. Ce n'est pas pour rien que la série est adaptée des livres de Gerald Durrell, célèbre naturaliste grand ami des animaux.
Il y a donc ce ton très léger, qui procure un certain apaisement, mais cela n'empêche pas la série d'aborder aussi la mort, le deuil ou l'injustice. Elle parlera aussi par exemple d’homosexualité en étant à la fois moderne dans le discours et crédible pour l'époque de la série.
Et sans divulgâcher la fin, je peux dire que la dernière saison se déroule en 1939 à l'aube de la guerre, et que la résonance faite avec 2019 est assez forte et émouvante. Le dernier épisode est d'ailleurs une vraie réussite, même si on est très triste de quitter ces personnages.
Bref, The Durrells est une série qui fait réellement du bien, je dirais même que si certaines œuvres peuvent donner un peu le goût de vivre, celle-ci en fait partie.