David contre Goliath
La Formule 1 est un microcosme où les plus grands pilotes s'affrontent pour remporter le Graal suprême, le titre de meilleur coureur du monde. Cependant - et c'est la limite de ce championnat - le...
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le 28 mai 2024
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La Formule 1 est un microcosme où les plus grands pilotes s'affrontent pour remporter le Graal suprême, le titre de meilleur coureur du monde. Cependant - et c'est la limite de ce championnat - le talent individuel ne fait pas tout. Pour atteindre les sommets et entrer dans l'histoire, le driver doit rouler dans une équipe du haut de tableau, capable de fournir une voiture et un accompagnement technique de haut rang. Partant, seuls cinq constructeurs sont historiquement capables de mener un pilote jusqu'au rang de champion : Ferrari, Williams, Mercedes, McLaren et Red Bull. Ainsi, le petit poucet, BrawnGP, n'était pas prédestiné à monter sur les plus hautes marches du podium au tournant de la saison 2009. Là débute le combat de David contre Goliath.
Autant le dire tout de suite, BrawnGP part de loin. Très loin, même. L'année précédente, en 2008, l'écurie, dénommée à l'époque Honda, conduisait des voitures à la vitesse semblable à un tractopelle. La team avait terminé dans le top 3 des pires équipes et leur duo de pilotes trustait les dernières places de chaque grand prix. L'avenir s'annonçait des plus sombres. Si on ajoute à cela la crise économique qui avait considérablement affaibli les finances de l'écurie, il va sans dire que le dépôt de bilan toquait de plus en plus fort à la fenêtre.
Cependant, même au plus profond de ce marasme, un élément était potentiellement susceptible de relancer la machine en permettant de rabattre toutes les cartes. En effet, 2009 était une année de bouleversements majeurs dans les règles de la F1. Or, les ingénieurs Honda avaient réussi à débusquer dans la réglementation une faille leur permettant de construire une voiture de premier plan pour les années futures. Pour cela, encore fallait-il que l'écurie puisse concourir. C'est alors qu'entrent en piste Ross Brawn et Nick Fry, directeurs techniques de l'équipe japonaise. Décidés à faire confiance en leur nouvel engin et à leur paire de pilotes, ils firent le choix de créer une nouvelle équipe née sur les cendres de feu Honda. Le résultat fut au-delà des attentes avec le gain des titres constructeurs et pilotes en fin de saison.
C'est cette histoire ubuesque qui est racontée au sein de ce reportage de quatre épisodes diffusé sur la plateforme Disney+. Les principaux protagonistes sont interrogés, des directeurs de la nouvelle écurie BrawnGP en passant par les pilotes et les dirigeants des autres teams au rang desquels figurent notamment Christian Horner (Red Bull) et Luca Di Montezemolo (Ferrari).
Dans le même temps, il est fait le choix de se concentrer sur les acteurs premiers du show, les pilotes. Le futur vainqueur du trophée de meilleur coureur de la saison 2009, Jenson Button, est ainsi mis au cœur de la série. Considéré comme un jeune prodige à ses débuts, puis décevant depuis le commencement de sa carrière, cette saison fait office de tournant dans sa vie en le rendant désormais bankable au yeux de tous. A ses côtés, Rubens Barichello, ancien pilote Ferrari durant les grandes années Schumacher, était vu par tous comme étant en fin de carrière. La saison 2009 permettra de démontrer qu'il avait de beaux restes et qu'il ne devait pas être enterré.
Dans le rôle du journaliste interrogeant l'un et l'autre des protagonistes, la série fait le choix de John Wick en personne, j'ai nommé Keanu Reeves. L'idée aurait pu être intéressante si l'acteur américain n'était pas à ce point insupportable durant l'intégralité des quatre épisodes. Monté sur ressort, il semble totalement surexcité de pouvoir interroger les acteurs du monde de la Formule 1, ce qui casse un peu le rythme, à mes yeux.
Cependant, même avec ce léger défaut, la série demeure bien plus intéressante qu'un Drive To Survive netflixesque. En effet, elle ne fait pas l'erreur de tomber dans le sensationnel et le spectacle à outrance, au détriment de la réalité de la course. La chose est tellement rare dans les séries actuelles que les amateurs de Formule 1 ne pourront que trouver un tel choix appréciable.
Ainsi, Brawn : La course impossible demeure une série intéressante sur le sujet de la Formule 1 en faisant le choix de dépeindre une saison 2009 ayant marqué l'histoire de la discipline. L'angle d'attaque est honnête et permet de mettre en lumière de manière efficace le combat de titans mené par BrawnGP et ses dirigeants. Certes, cela ne vaut pas des classiques comme Rush ou Le Mans 66 mais cette série se laisse regarder. Bienvenue dans le récit de David contre Goliath.
Créée
le 28 mai 2024
Modifiée
le 4 août 2024
Critique lue 15 fois
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