Généralement je sais au bout de quelques minutes ou au pire au bout d'un épisode si je vais aimer ou pas une série. Si ça me plait pas, j'insiste pas et je passe à autre chose. Mais "généralement" ne veut pas dire "toujours"... Vision des premiers épisodes de "Breaking Bad", série dont j'ai inévitablement énormément entendu parler, considérée par beaucoup comme étant une des meilleures séries de tous les temps, assez mitigée. Je trouve que le rythme cahoteux et que l'intrigue tourne en rond. Je laisse tomber. Mais bizarrement mon instinct me dit, renforcé par quelques avis recherchés à droite à gauche, que je suis peut-être en train de passer à côté de quelque chose. Je décide finalement d'aller jusqu'au milieu de la saison 2 et de laisser définitivement tomber si ça ne marchait pas.
Et puis finalement, petit à petit l'ensemble trouve son rythme, l'intrigue devient d'abord intéressante pour devenir de plus en plus passionnante. Et puis vers la fin de la saison 2 quand arrive le personnage de Gus Fring, méchant incroyablement charismatique, aussi fascinant que détestable (Giancarlo Esposito, absolument formidable !!!), on sent qu'on va passer aux choses sérieuses. Pratiquement dans le même temps d'autres personnages secondaires aussi charismatiques, aussi fascinants et aussi formidablement incarnés apparaissent ou étaient déjà là mais sont subtilement creusés.
La saison 2 est excellente, la saison 3 est grandiose, la saison 4 et 5 sont carrément des purs chefs d'oeuvre d'intensité, hyper-prenantes, bourrées de nombreuses véritables séquences d'anthologie que je ne peux pas citer sous peine de spoiler mais la vache..., qui ne ménagent pas en rebondissements très surprenants, utilisant notamment magistralement le flashback et le flashforward pour cela, et en scènes d'un suspense souvent insoutenable. Le tout s'achève sur un final INOUBLIABLE. Pas besoin de blue meth pour être défoncé, la série suffit très largement, ça c'est sûr.
Et puis, il y a nos deux protagonistes.
Jesse Pinkman, petit dealer toxico minable à qui on a envie de refiler de temps en temps des claques mais qui va se révéler malgré tout attachant en étant de la série le personnage le plus humain et le plus vulnérable en subissant des événements qui vont très vite le dépasser. Aaron Paul dans la peau de ce personnage est brillant, pas d'autre qualificatif possible. IL est le personnage.
Et puis bien sûr, il y a le d'ores et déjà légendaire Walter White, modeste professeur de chimie mais scientifique génial atteint d'un cancer qui va finir par devenir parrain de la drogue, personnage ambigu, partagé entre une femme enceinte aimante mais sérieusement casse-burnes, un fils handicapé, et un beau-frère inspecteur travaillant aux stups, doté d'un instinct très efficace mais qui l'empêche juste de voir que la solution est juste sous son nez, qui va nous mettre face au sociopathe qui est en nous en obligeant le spectateur a se demander si à sa place on n'aurait pas été des fois aussi impitoyables et aussi manipulateurs pour parvenir à ses fins. On ne peut pas le juger, on n'y arrive pas à cause de cela. L'interprétation IMMENSE de l'IMMENSE Bryan Cranston parachève de rendre pleinement son personnage vrai.
Je suis d'accord. Comme beaucoup, je pense que "Breaking Bad" est finalement une des plus grandes séries de tous les temps.