13 ans plus tard, voici le retour de Bref., un retour que beaucoup ont attendu et que, faute d'attendre, tout le monde s'était résigné à voir un jour. Et voici, en 2025, alors que la série était sagement rangée sur l'étagère des références générationnelles (en gros, celles et ceux qui avaient l'âge de regarder le Grand Journal à l'époque), une suite.
Une suite pas nécessaire, plus demandé, mais pas de trop pour autant. Car elle donne, à ce personnage, Je, et tout son entourage, une ampleur supérieure, une épaisseur qu'un format express de 2 minutes pouvait parfois empêcher. Et pourtant, ce passage surprise à un format de 30 minutes (ou plus) n'a pas que des avantages, notamment parce qu'il pousse ses auteurs à étirer ce qui fonctionnait par la brièveté, à pousser toujours plus loin et longtemps les blagues, les jeux de mots, les inventions (qui sont nombreuses et originales, ici trop). C'est là que réside le majeur défaut de cette nouvelle saison/série ; la sur-métaphorisation constante qui plombe chaque épisode, qui alourdit toute sensibilité, qui, par désormais excès de moyen, touche moins par ses mots ou son montage que ses effets. Dans ce nuage d'images, de poésie et d'émotion, dur parfois de trouver ses repères et de ne pas se sentir noyé, presque éloigné d'un univers qui brillait jusqu'ici par sa proximité et son sentiment d'universalité (on s'est tous reconnu quelque part dans Bref.). A cette pulsion insatiable vers la métaphore s'ajoute la volonté maladroite et pénible de "s'auto-spoiler", la série imaginant des flashforward constants (et parfois volontairement trompeurs), qui la pousse à la répétition, à piocher dans ses propres images déjà vues pour parfois tourner en rond, notamment dans ce final, raté car attendu et clairement un appel à une suite (que, pour le coup, on n'attend vraiment pas). Cette auto-référence geek qui faisait mouche dans le format original devient ici par moment agaçante.
Mais outre ces défauts, Bref.2 (et c'est ce qu'on en attendait) émeut et fait rire, précisément par cette sensation d'être toujours sur la ligne de crête, prête à sombrer dans le mélo ou dans le comique, toujours au juste équilibre entre les deux, mélangeant les larmes aux rires. Kyan Khojandi et Bruno Muschio ont, pour ce deuxième volet, voulu aller plus loin (avec des scènes sublimes qu'on gardera en mémoire), parfois trop, mais il est tout à leur honneur d'avoir ici été derrière les choses ; derrière les images qui, sur papier glacé, cachent une réalité plus complexe, derrière les émotions qui ne disent pas tout, derrière les décors dont l'envers révèle des vérités pourtant "sous nos yeux depuis le début". La justesse de ton et le doux humour développé demeurent les indices d'une marque de fabrique très réussie.
Et le phénomène culturel et populaire que la série perpétue, parvenant à élargir son public en touchant d'autres générations, traduit bien là quelque chose de vrai.