Buffy contre les vampires par Sissen
Après avoir revu l'intégrale très récemment, je peux enfin parler de cette série sans les interférences des hormones adolescentes. Ou presque.
"Buffy TVS" n'est pas à prendre au premier degré, c'est malheureusement le cas de beaucoup de ses détracteurs. Pourquoi les effets spéciaux seraient-ils si minables sur les dernières saisons si Joss Whedon avait voulu qu'on y croit ?
Cette série, c'est avant tout une métaphore géante. Les gros méchants ne sont que la représentation des embûches rencontrées de l'âge d'enfant à l'âge adulte, ni plus ni moins. Je n'apprends rien à ceux qui ont vu tous les épisodes, Whedon est le premier à tourner en dérision les clichés dès qu'il les installe.
"Buffy" est doté d'une incroyable mythologie qui alimente encore des discussions de fans, presque 10 ans après sa fin et réussit à toucher malgré tout. Le génie de cette série (et sa faiblesse à la fois, quand on voit le peu de récompenses qui lui ont été attribuées malgré sa présence indiscutable dans la culture pop) est qu'elle ne rentre dans aucune case, ne se cantonne à aucun genre. Horreur ? Pas vraiment, non. Sentimentale ? Oh que oui, mais pas que. Humoristique ? Aussi.
Je ne saurais citer tous les épisodes concept et décalés qui font que le sérieux n'a jamais sa place très longtemps : l'épisode musical en tête évidemment, l'épisode filmé du point de vue d'Alex où il sauve le monde sans que personne ne le sache jamais, l'épisode muet, l'épisode du charme raté rendant tout le monde amnésique, l'épisode des rêves, sans compter tous les autres amenant la bande à se comporter à l'opposé de leur personnage.
La force de "Buffy" est dans le fait qu'on peut rire et être touché aux larmes dans la seconde qui suit... ou même le temps d'un épisode complet : celui qui suit la mort de la mère de Buffy, juste le plus oppressant de la série, avec cette image macabre omniprésente, son cadrage différent, son action quasi en temps réel, ses plans-séquences et son absence totale de musique. "La faille", remémorant le passé assassin de Spike, apporte aussi, avec sa chute cruelle au possible pour le vampire, son lot d'émotions. On peut aussi, après des années, être amené à tout remettre en question -on ne saura jamais si le monde de Buffy n'existe pas uniquement dans son cerveau malade.
Elle n'est pas non plus la super-héroïne plate et tant moquée, quiconque aura vu la saison 6 le sait bien.
Tout ça pour dire que, à 25 ans, j'ai apprécié cette série pas pour les mêmes raisons qu'à 15 mais bien davantage.