"I felt a Cleaving in my Mind"

Emily Dickinson pour le premier épisode, Emily Dickinson pour le dernier, boucle de la poétesse. Des poèmes qui donnent le sens et en quelques traits, l'essence. (comme toujours avec Dickinson, peu pour l'essentiel).

La question n'est pas tant, est-elle innocente ou coupable, est-ce un dédoublement de personnalité, mais qui est Grace elle-même ? Est-elle véritablement victime des autres ? Je considère la cause extérieure dans la psychée d'un individu, mais dans son cas, en est-elle si victime qu'il est dit ? Les incohérences qui paraissent entre ses différents comportements, entre ses différentes réactions ne m'en paraissent pas véritablement et brouillent totalement l'appréhension de la jeune femme, non pas sa personnalité Mary mais bien elle.
Autant j'ai eu de la difficulté avec The handmaid's tale sur l'ambiance, les acteurs, de la difficulté à bien entrer dedans et suivre, autant j'ai été captivée par Alias Grace et je ne l'ai pas lâchée jusqu'à la fin. Je n'ai pas deviné -avant de me spoiler seule sur internet, erreur je le concède- du tout où cela pourrait mener, la schizophrénie était une piste, ou une psychopathe (quoique cette piste reste assez prégnante) mais pas celle-ci. Ce personnage, porté par une actrice que j'ai trouvé magistrale, est fascinant, parfois horripilant, incompréhensible et sibyllin mais toujours instigateur d'une fascination sans pareil...
Je ne déplore que le fait que sa beauté soit si mise en avant, tout ces hommes après elle pour sa beauté, un thème revenu et répété qui tâche un peu le tableau, surtout lorsque l'on connaît l'engagement d'Atwood, peut-être est-ce toutefois la série... Je n'ai pas encore lu le livre.
Aucune seconde n'est perdue autour de leurs entrevues, le strict minimum pour suivre l'intrigue du présent, des touches et courtes scènes qui viennent juste orner et donner le sens de ces discussions et souvenirs. La voix off des lettres maintient toujours une confusion, quand est-ce cette lettre, quand est-ce le souvenir, quand est-ce la discussion avec le docteur... Des mystères, jamais de vérité sans pour autant frustrer et agacer un spectateur qui voudrait savoir. Moi, je ne veux pas savoir, ce m'est accessoire, je suis juste coite devant ce personnage si complexe, cette femme si... Bien que tous lui courent après, je n'ai pas eu en regardant d'impression de lourdeur, pas eu d'impression de trop ni qu'elle était parfaite, la "mary-sue" dirait l'expression, je n'ai pas non plus eu l'impression de trop dans sa vie, comme parfois où l'on en rajoute des tonnes, et surtout pas l'impression que c'était l'excuse "oh la pauvre petite" même si cela est répété et conclu, par elle-même, que ce sont les autres... J'ai du mal à tout imputer à ceci et à juste m'apitoyer sur elle en la voyant comme une poupée façonnée par son vécu.
Elle ne m'a pas touchée un seul instant, émotionnellement, elle ne m'a pas séduite, pas inspiré de pitié, de tendresse ou même de compassion. J'ai pourtant adoré ce personnage, autant que la Marquise de Merteuil, je l'ai suivie et elle m'est une base de réflexion, une référence très utile. Je ne peux que saluer sa confection, bien qu'elle s'appuie sur une femme existante.
Aucun des personnages ne m'a en fait vraiment touchée, si ce n'est Jaimie, ils gravitent autour d'elle, ils ne sont que cela, des objets qui gravitent autour de Grace.
Grace qui n'est ni victime, ni maître, qui se contente d'être au milieu, parfois en semblant instiller, parfois en semblant subir, parfois en semblant souffrir, parfois non...