Ce triple long métrage est intéressant à plus d'un titre.
Intéressant d'un point de vue historique, tout d'abord. Certes, ce n'est pas un documentaire et il doit y avoir bon nombre d'arrangements avec les faits réels, mais il est toujours bon de comprendre un peu les événements qui ont pu constituer un climat géo-politique dans une période pas si éloignée. De ce point de vue, la série est exemplaire. Elle donne une idée des contextes géographique, politique et social qui ont pu donner naissance à un personnage comme Carlos. Elle donne également quelques clefs pour raccorder tout cela aux divers faits marquants qui ont pu marquer la mémoire collective et qu'on ne prend pas vraiment le temps de regarder ne serait-ce que 20 ou 30 ans plus tard.
Intéressant du point de vue du format, ensuite. On connaissait les longs métrages en deux parties (Kill Bill, Mesrine), mais plus rares sont ceux en 3 parties. Et force est de constater que ce découpage fonctionne. Il peut donner le temps d'assimiler les choses sans se brusquer à voir les 3 épisodes d'un coup, par exemple. Cela permet à la fois une certaine exaustivité sur les agissements du terroriste, mais également de ne pas s'éparpiller sur 12 épisodes ou plus, comme ont tendance à le faire les séries télévisées. D'ailleurs, vous le voyez bien, je n'arrive pas à faire la part de choses : est-ce une série ou un film découpé ? Peu importe, car la qualité de la narration prend le dessus sur les questions de forme.
Enfin, toujours pour parler de la forme, je ne peux passer sous silence le travail titanesque qu'il a fallu accomplir pour mener à bien cette entreprise complexe. Entre la variété des lieux, des périodes (on voit le traitement de l'image changer en fonction des années), des personnages rencontrés, des langues, des physiques (la transformation physique de Carlos est d'ailleurs assez impressionnante), tout est fait avec style et sans faute de goût.
Au final, reste à parler du ressenti. Et c'est là la seule faiblesse que j'ai trouvé à ces films : on peut facilement décrocher, devant la somme d'informations à laquelle on doit faire face, à leur densité, mais surtout, il y a comme un manque de hiérarchie de l'information (une volonté de tout traiter, tout montrer ?) qui fait qu'on laisse un peu passer une ou deux choses (un nom, une date) et qu'on se demande parfois qui était telle ou telle personne, ou pourquoi on lui a donné telle place.
Enfin, c'est de l'ordre du détail, rien de rédhibitoire, surtout face à l'incroyable travail qu'il a fallu accomplir pour présenter un tel film.