Presque très bien
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le 9 févr. 2025
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Pour rater son coup avec un sujet comme la gentille famille qui emménage dans une maison maléficiée, il faut le faire exprès. Ou prendre vraiment les spectateurs pour des imbéciles. Sur ce plan, avec Cassandra, on est gâtés.
La famille Netflix standard suppose un couple d’artistes, elle sculptrice blanche, lui écrivain noir, fils ado gay vaguement guitariste, petite fille pas gaie car traumatisée par un événement antérieur. Tout le monde a besoin de se refaire une santé à la campagne, et voilà comment la famille est amenée à s’installer dans une maison dotée d’une intelligence artificielle appelée Cassandra.
Censément conçue dans les années soixante-dix, Cassandra se présente sous trois espèces : au sous-sol, des machines informatiques énormes façon Honeywell Bull, dans toutes les pièces, des écrans où s’affiche un visage de speakerine des années soixante, enfin un robot très kitsch qui ressemble à un balai-vapeur surmonté d’un minitel, avec des lames en guise de doigts et un système de locomotion inexpliqué autant qu’inexplicable. Ça roule sans difficulté sur toute surface sans avoir besoin de se brancher à une quelconque source d’énergie, ça ne fait pas de bruit pour mieux vous arriver dans le dos par surprise, ça pèle les patates, tond le gazon, terrorise madame, lorgne monsieur dans le plus simple appareil et enseigne la politesse aux enfants. Le tout serait plutôt rigolo si les scénaristes avaient choisi d’exploiter la piste parodique qui s’esquisse de ci de là, dans le choc des cultures entre une IA imprégnée des valeurs de la famille traditionnelle allemande et la famille Netflix progressiste, comme quand Cassandra vire le petit copain du fils gay sur le mode « Pas de ça chez nous ! »
Malheureusement, tout se gâte lorsqu’il faut expliquer son existence et ses tendances psychopathes. Pour faire court et ne rien spoiler, disons que c’est débile dans l’ensemble, le détail, en largeur, longueur et profondeur.
Et puis, l’éternel problème : tous les personnages sont cons comme des paniers. Nul ne s’étonne de voir un appareil du siècle dernier, resté miraculeusement fonctionnel, se mêler des affaires de la famille avec un niveau de performance inaccessible de nos jours. Sur le conseil de Cassandra, la gamine emmène dans son école une arme chargée. La mère qui a fini par avoir des soupçons interroge sa fille dans la maison truffée d’écrans de surveillance. Le père n’a pas l’air de trouver bizarre qu’un système domotique prétende apprécier ses bouquins. Etc.
Et c’est ce qui tue la possibilité de se faire prendre par l’histoire. Au lieu de frémir devant des effets en gros sabots — (quand une gamine se cache dans le four d’une maison maléficiée, que peut-il bien se passer, je vous le demande ?), on se dit : « Non ? … Ils ne vont quand même pas oser ?... »
Mais si, ils osent. Inutile de faire la liste de tous les clichés, facilités, absurdités et coups de pouce nécessaires pour boucler une histoire qui manque sa cible.
Il y a une réplique qui cerne ce qu’elle aurait pu être, dans la bouche du petit copain du fils gay, celui qui s’est fait virer par le balai-vapeur amélioré. Il demande des nouvelles de « Crazy Poppins ». Crazy Poppins et la maison connectée, j’aurais adoré. Mais une série sur l'IA qui vous prend à ce point pour un con, non. Du reste, si les mots ont un sens, parler d'intelligence artificielle à propos de Cassandra est abusif. Il s'agit plutôt d'une variation high tech de la maison hantée. Si vous aimez les histoires flippantes de robote flippée, allez plutôt voir M3gan.
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le 9 févr. 2025
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