"Que se passerait t-il si l'humanité était confrontée à son extinction?" En ces temps d'inquiétudes et de doutes sur l'avenir de notre planète bleue, cette question est devenue si fréquemment exploitée dans l'imaginaire collectif qu'elle en a été vulgarisée. Pourtant alors que les univers post apocalyptiques semblent s'être installés dans une routine lassante, Casshern Sins parvient à déjouer les attentes suscitées par son point de départ.
Dans un monde dévasté où la frontière entre l'homme et la machine n'existe plus, Casshern assiste impuissant à la déchéance de l'humanité, une déchéance dont il est accusé d'être responsable. Portant littéralement toute la misère du monde sur ses épaules et souffrant d'une immortalité l'empêchant de fuir ses responsabilités, Casshern entreprend un voyage initiatique où les multiples récits de désespoir et de combattivité, de folie et d'amour forgeront sa volonté. Œuvre fondamentalement contemplative, Casshern Sins préfère privilégier la puissance évocatrice des images aux dialogues explicatifs et entraîne le spectateur dans l'exploration d'un monde à la triste beauté. Au fil des épisodes se dessine un univers invraisemblable offrant un mélange surréaliste et miraculeusement efficace entre la désolation de Mad Max, les questionnements identitaires de Ghost In The Shell, la tristesse de The Road et la dimension épique de Saint Seiya.
Et au sein de cet univers foisonnant, le récit parvient à éviter les deux lacunes associées à ce type d'univers, la prétention intellectuelle d'une part et de l'autre un prétexte à une sauvagerie débridée. Car Casshern Sins est avant tout un récit sur l'humanité confrontée à sa propre imperfection. En dépit de la gêne parfois suscité par la lenteur du récit, l'aspect poseur de la mise en scène ou l'écriture maladroite de certains personnages, cette admirable série d'animation ne délaisse jamais la construction identitaire de ses héros, pierre angulaire de son univers davantage que le contexte apocalyptique qui les entoure. Et c'est au bout de la quête de ces héros, après avoir parcouru un panel d'émotions humaines si vaste qu'il nous faudrait toute une vie pour en ressentir la totalité, que cette série dépeindra avec la beauté remarquable de l'animation Japonaise l'importance de la mort dans l'existence humaine