Au premier abord, Casshern sins semble surfer sur une vague de genres bien identifiés : post-apocalyptique, robot, action. Un cadre mythologique suggéré : un être tout-puissant qui aurait provoqué la catastrophe (la ruine) en tuant la mystérieuse Luna; de l'action comme dans les bons vieux shonen d'antan mais cette fois entre les robots en quête de vie éternelle et notre fameux Casshern, véritable machine à tuer.
Pourtant Casshern sins est un anime contemplatif, ce qui est sans doute plus rare. Et si l'on peut se contenter d'admirer la cinématique superbe des combats ou apprécier l'originalité de l'univers, c'est bien par un savant dosage de ces trois éléments que Casshern se distingue. Le chara-design est également bien particulier, ce qui pourra en laisser certains sur le carreau, d'autant qu'il hésite quelque peu entre expressionnisme et cubisme à la YuGiOh. Personnellement, il y a des moments où j'adore et d'autres où je ne sais plus si j'aime...
Ce qui frappe d'emblée, c'est cette ambiance d'un monde désespéré, désertique, ces décors échevelés rappelant parfois ceux du western, avec au milieu de tout ça le héros maudit, tout-puissant et immortel. Difficile de s'empêcher de penser que le Japon essaie d'exorciser son passé complexe à travers ce genre de personnage détenant un pouvoir absolu (qui corrompt absolument, c'est bien connu), surtout quand celui-ci ressemble fortement à un héros de shonen connu.
Difficile de ne pas penser à ce qui nous anime dans notre propre monde, non en ruine mais bien en crise, devant ces êtres que rencontre Casshern, et qui se débattent pour insuffler malgré tout encore un peu de beauté en leur monde. Car si certains pourront trouver le premier segment de l'anime trop déconnecté du reste, trop stand-alone, c'est bien celui que j'ai envie de garder en mémoire.
Alors évidemment par la suite, la mythologie prend plus de place au détriment du contemplatif, il faut nécessairement introduire de nouveaux personnages pour relancer l'intérêt, il y a une quête, et les questionnements du héros se font ressassement. Oui, ce brave Casshern va surmonter ces pulsions meurtrières, c'est entendu. Et c'est assez gênant de le dire, mais le dernier segment (6-7 derniers épisodes) de la série n'est pas vraiment à la hauteur de ce qui précède, la mythologie étant de plus en plus confuse.
Car si l'on pouvait se douter que Luna n'était pas ce qu'elle semblait être, on se serait peut-être attendu à autre chose que l'idée que la vie n'est rien sans la mort, somme toute convenue. Le combat contre Dio et le pathétique de Leda face à Luna comblent tant bien que mal cette partie. Cela dit, si Dio était pénible jusque-là dans son complexe d'infériorité, sa fin est pleine de noblesse, et il faut avouer, graphiquement je le trouve incroyablement stylé sans son casque.
Le point qui me laisse le plus perplexe dans cette partie confuse c'est que
Luna n'accordait que la mort avant de se faire tuer par Casshern. Du coup je ne comprends plus pourquoi elle dérangeait Braiking Boss, car à ce moment-là elle était plus une menace pour ceux qu'elle entourait que pour les autres
. Ça sent l'idée improvisée pour expliquer l'origine de la ruine (cohérent de ce point de vue), mais un peu contradictoire avec ce qui précède.
Cela étant, le dernier épisode, lui, semble se tenir (c'est cohérent par rapport aux actes de Casshern), et de plus est particulièrement appréciable par les dessins et l'animation qui sont extrêmement soignés.
En conclusion, un anime remarquable pour son esthétique et son ambiance, moins pour son scénario.