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Tandis qu'une moitié du monde se replie sur son slip amidonné aux senteurs d'encens, l'autre continue son exploration du vivant et s'intéresse à ce qui n'est pas ni tout blanc ni tout noir et existe cependant à l'état naturel sans demander le visa des mollahs... Dans cette série, on suit les pas d'une adolescente accablée non pas tant par le matériel original qui lui a été attribué à la naissance mais par les réactions de panique de ses parents, l'empressement de la chirurgie à trancher dans le vif et l'imbécillité des réactions des autres ados, titillés par la curiosité et trop contents de trouver plus incertain qu'eux à propos de leur sexualité. Un joli tableau des crispations de genre de notre époque, qui pourra mettre certains mal à l'aise et leur indiquer ainsi les petits chantiers de travail à ouvrir résolument dans leur pensées toutes balisées. D'autres y trouveront au contraire matière à élargir un peu leurs réflexions, à condition de supporter stoïquement les grandes scènes du VIII d'ados passablement agaçants, très, très caricaturaux parfois, et influencés par les clichés de la culture américaine (bullying, tchatche, peer pressure et social networks à fond les ballons...). Pour ma part, j'ai trouvé la mécanique vraiment longue à s'enclencher et j'ai bien souvent bouilli sur mon canapé à écouter ces têtes-à-claques s'asséner des vérités en carton avec toute l'assurance factice dont ils étaient capables. Mais à la fin, le charme a fini par agir, et de vrais caractères sont apparus sous les oripeaux dawsonniens (le ponton et les chambres bordéliques dans la pénombre ne trompent jamais!), menant l'intrigue à un dénouement un peu précipité et formellement discutable (le monologue du Grand Oral face caméra, aussi efficace et naturel que le Grand Oral de la réforme Blanquer lui-même...), au gré de rebondissements plutôt bienvenus. Bref, un sujet difficile traité avec ingéniosité et tact, la plupart du temps, dans une série qui n'évite pas toujours les poncifs et conçoit les ados comme d'étranges petites bombes à retardement au verbe trop rapide et à la pensée confuse.

Créée

le 11 oct. 2022

Critique lue 108 fois

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