Cobra Kai
7.3
Cobra Kai

Série Netflix (2018)

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Le karaté et les arts martiaux ont été en partie popularisés par le cinéma, les gens se souviennent encore de Bruce Lee alors qu’il est mort en 1973, soit il y a déjà 48 ans, c’est dire quel impact cela a eu sur la culture populaire. D’autres phénomènes cinématographiques, qui avaient attrait aux arts martiaux, ont marqué leur époque et ce fut le cas de Karaté Kid, ce film de John G. Avildsen (le réalisateur de Rocky) sorti en 1984. Ce film eut un impact considérable sur le public et il renforça la popularité des arts martiaux déjà initié par Bruce Lee. Evidemment, on n’est pas en présence d’un pur chef d’œuvre du septième art (mais il y en a si peu…), pourtant j’ai toujours trouvé que c’était un film vraiment réussi. Il dégage une jolie fraîcheur, il plaisant à voir et à revoir, avec une jolie morale, un peu manichéenne c’est vrai, mais juste et remplie de valeurs respectables sans qu’il soit utile d’être un fou d’arts martiaux pour en apprécier la teneur. Bien sûr, le personnage de Miyagi, vieux sensei japonais de karaté do, interprété par l’acteur Noriyuki « Pat » Morita est resté dans les mémoires et il a largement contribué à la légende et à l’aura que ce film peut posséder. Une l’histoire de grands adolescents en quête de l’amour et cherchant la juste voie à suivre, c’est un truc qui plait et quand c’est bien fait, ça marche sur moi, même quand les adolescents en question on en vérité presque 23 ans pour Ralph Maccio le karaté kid alors qu’il est censé en avoir 16 ou 17. Cela ne me pose pas de problème, c’est un truc habituel du cinéma et le garçon en question fait très jeune, cela se répétera aujourd’hui avec l’actrice Mary Mouser âgée de 21 ans qui incarne une ado de 16, mais on lui pardonne, car elle joue la fille du karaté kid en personne dans cette nouvelle série COBRAI KAI, atavisme quand tu nous tiens...


Quand j’ai appris qu’une nouvelle suite (il y en a déjà eu trois et un remake) se préparait, j’étais donc curieux de voir le résultat, mais également sur la défensive en voyant qu’il s’agissait à présent d’une petite série à diffusion sur Internet (Youtube en l’occurrence). Je me méfie beaucoup des suites de notre époque, tout est foiré aujourd’hui (ou presque…) : Mad Max fury road, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, Prometheus ou autre SOS Fantômes (de 2016) que des plantages en beauté, que des navets ou des escroqueries intellectuelles. Cette série de 2018, Cobra Kai, je l’ai donc abordée avec prudence et un a priori négatif je dois l’avouer. Pourtant, je peux dire que pour moi, c’est une vraie réussite. Le come-back est attrayant. Bien sûr, je pense qu’il faut avoir aimé Karaté Kid et Karaté Kid 2 : le moment de vérité pour complètement apprécier la série et rentrer dans cette nouvelle intrigue (peut-être pour en saisir tous les enjeux scénaristiques aussi), il faut avouer qu’il y a pas mal de fan service, mais il est bien dilué et utilisé à bon escient, il est plaisant et au final, les auteurs n’en abusent pas (un tantinet à un moment tout de même). Certes, ils ont calqué quelques scènes de cette série sur l’original, mais c’est à propos, c’est utile et logique pour le scénario développé ici, c’est donc tout à fait savoureux à suivre.
Ce qu’il y a de sympa dans cette série, c’est bien sûr de retrouver les personnages principaux trente-quatre ans après. Rivaux hier à se battre dans la rue pour une même fille, que sont-ils devenus aujourd’hui ? Comment le sont-ils devenus ? Quelle est leur vie en 2018 ? Est-elle satisfaisante et à l’image de ce qu’un spectateur aurait pu imaginer trente ans auparavant ? Toutes ces réponses sont souvent bien trouvées, les auteurs ont imaginé des raisons à la caractérisation des personnages de 1984 qui trouvent un écho et de nouvelles explications, révélations et conséquences en 2018, cela apporte vraiment un plus considérable aux personnages. Ce n’est vraiment manichéen, les méchants ne le sont pas totalement (ou alors, il y a de raisons valables pour cela) et les gentils ont leurs tares, les auteurs on évité ce piège et cela rend l’ensemble agréable à suivre et crédible. Les épisodes de la première saison sont très courts, vingt-cinq à trente minutes environ, le récit est donc dynamique et l’envie de connaître la suite des aventures des karatékas ne m’a pas quittée.


L’intérêt pour cette histoire est relancé par l’introduction de nouveaux personnages, les enfants des protagonistes d’hier, confrontés aux péripéties d’adolescents américains de 2018 et c’est plutôt sympathique. Pour faire court et donner le ton, on suit les aventures amoureuses à la sauce Roméo et Juliette des jeunes protagonistes, c’est très classique, cela ne révolutionne en rien le cinéma, mais c’est efficace et bien fait. Il y a aussi des séquences réussies qui montrent comment les adultes d’aujourd’hui peuvent être largués par les enfants et par l’évolution de la société entre les années 80 et aujourd’hui. J’ai donc apprécié que ce ne soit pas un récit pour les nostalgiques bloqués dans les années 80, mais qu’il trouve un vrai développement dans notre époque. Un seul exemple pour donner le ton. Un adulte qui ne sait pas ce qu’est la genrisation et qui reçoit du coup une leçon sur le sexisme par un adolescent qui se fait immédiatement rembarrer par un coup d’autorité bien senti lors d’un entraînement au dojo, c’est très drôle je trouve.
Je n’ai pas vu que les deux premières saisons pour le moment, les épisodes de la seconde sont d’ailleurs un peu plus long (c’est une bonne chose) et pour l’instant, j’ai passé un très bon moment, cela se regarde avec plaisir. Seul petit hic que je pourrais relever, primo les scènes de combat (très peu nombreuses en vérité) ne sont pas toujours très réalistes techniquement parlant, cela ne tient pas vraiment du niveau des acteurs ado, mais au manque de cohérence dans ce qu’on leur fait faire sur un tatami et qui ne correspond pas totalement à la réalité du karaté. Un parti pris un peu spectaculaire pour apporter sans doute un peu plus de dynamisme à l'écran et cela aurait gagné en réalisme si les auteurs avaient regardé de plus près quelques compétitions de karaté d’aujourd’hui sur…Youtube par exemple... Secundo, autre petit défaut que j’ai relevé, mais il était déjà présent en 1984, on a toujours du mal à croire que Ralph Macchio soit un expert en karaté do (il ne l'est pas du tout, on le sait, mais on le sent encore plus aujourd'hui, car après 34 ans de pratique supplémentaire, son personnage devrait se comporter comme un vrai maître, or ce n’est pas le cas). Il ne bouge toujours pas comme un vrai pratiquant de karaté et cela se voit, c'est encore plus dommageable à présent pour la crédibilité du personnage qu'il incarne, mais passons, cela se supporte tout de même...On le remarque bien moins chez William Zabka (c'était déjà comme ça dans les années 80...) l’acteur qui interprète Johnny Lawrence, il est plus sportif et il incarne mieux le karateka.


Pour conclure avec mes impressions concernant les deux premières saisons de Cobrai Kai, je conseillerais en priorité la série à ceux qui ont aimé les films, on la voit avec un peu de nostalgie dans les yeux, il faut y avoir trouvé son compte avec le film des années 80 pour adhérer totalement à l’histoire, car évidemment, on part ici avec des personnages de fiction bien identifiés. Je ne sais pas si elle pourrait plaire aux ados d’aujourd’hui, mais pourquoi pas, je pense qu’elle met assez en avant les petits et les grands tracas des adolescents de 2020 pour leur plaire, mais il faudrait sans doute qu'ils voient au moins le premier film pour saisir toutes les subtilités du scénario de cette nouvelle série. Pour ceux qui ont connu le karaté kid de 1984, ils seront sans doute surpris de constaté à quel point l’acteur Ralph Maccio a changé. Daniel LaRusso, son personnage, a donc bien changé lui aussi. La coupe de cheveux et le vieillissement, cela ne pardonne pas, ça transforme un visage et j’ai eu du mal à le reconnaître, mais ceci dit, il est en forme pour le rôle qu'il doit tenir, ce n’est pas qu’il ressemble à un vieillard, il a juste vraiment changé. En tous cas, il ressort une vraie sympathie de ce casting, on sent que les acteurs (adultes et ado) se font plaisir, cela transparait à l’écran. J’ai passé un très bon moment avec cette série et je regarderai la suite avec un grand plaisir, plaisir sans doute aussi de retrouver un peu de ma propre adolescence, mais n’est-ce pas le lot de tous les films qui parlent d’histoire d’adolescents ?

Créée

le 4 sept. 2020

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