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Diffusée pendant cinq saisons sur NBC à partir de 2009, puis déprogrammée et sauvée pour une sixième (et probablement dernière) saison par Yahoo, Community est un incontournable pour tout amateur de série. Malmenée par des passages à vide et une saison 4 qui a failli lui être fatale (et qui fait que la série est constamment sur un siège éjectable depuis), cet OVNI du paysage de la comédie américaine est pourtant une série culte, dont les trois premières saisons sont de véritables morceaux d'anthologie, bourrés de références pop culture alors que la série elle-même enchaîne les moments qui font et feront référence. Vous avez dit méta ? Ce n'est que le début.

Difficile en effet de rendre justice à Community en se contentant de pitcher l'histoire initiale. Voyez plutôt. L'intrigue prend place ainsi à Greendale, un campus d'université communautaire (le fond du fond du système éducatif américain, des facs peu chères et desquelles on sort avec des diplômes en mousse), et on y suit l'histoire d'un groupe d'études hétéroclite – car tout le monde peut s'inscrire dans ce type de fac. On a donc Jeff Winger, ancien avocat qui exerçait avec un faux diplôme et qui se voit dans l'obligation de le repasser ; Troy, ancienne gloire manquée du foot US universitaire ; Annie, ancienne toxico et élève modèle et repentie ; Britta, écolo-anarchiste qui est là sans trop savoir pourquoi ; Pierce, héritier âgé d'un empire commercial qui a visiblement repassé une dizaine de fois sa première année, raciste et sexiste ; Shirley, mère qui galère entre ses études, sa foi chrétienne et ses enfants ; et enfin Abed, jeune Palestinien fan de télé et qui vit la vie comme une série télé ou un film.
Il y a déjà là une des grandes qualités de Community : une diversité de personnages hauts-en-couleur. On aurait pu également évoquer Duncan, le Doyen Pelton ou encore Chang (car oui, cette série a réussi à donner à Ken Jeong un rôle autrement plus drôle, taré et profond que cette comédie vaguement marrante qu'est Very Bad Trip) Pour autant, si l'on devait résumer la série à cela, on passerait à côté de l'essentiel.

En effet, l'essentiel est que Community est la seule série qui a conscience d'elle-même. Oui, cela semble un peu brumeux dit comme cela, mais c'est en réalité très simple. Au fil des épisodes, la série, qui multiplie les épisodes référencés, prend conscience d'être une série, notamment à travers le prisme d'Abed qui voit le monde comme une série – ce qui fait sens puisque C'EST une série, et ce qui fait paradoxalement de lui le plus sain d'esprit alors qu'il semble être le plus fou. Community brise donc allègrement le quatrième mur et peut se permettre de pousser très loin le délire et les acteurs, au fil du temps, peuvent exploiter à fond les archétypes de leurs personnages.
Le créateur et showrunner Dan Harmon (hors saison 4) a un talent fou d'écriture, et certains épisodes sont de véritables chefs-d’œuvre. Il est compliqué d'en dire plus, car pour capter l'essence et l'esprit de Community, il faut le regarder.

Aussi, voilà un florilège des meilleurs épisodes de Community qu'il faut absolument avoir vu. C'est encore la meilleure façon d'en parler.

Les épisodes Paintball (S1E23, S2E23, S2E24, S6E11)
Quand le doyen organise une partie de paintball avec à la clé le droit de choisir son emploi du temps l'année suivante, le campus se transforme en guerre sans merci. Le premier épisode nommé Modern Warfare est brillant (parodiant Die Hard ou encore Scarface), et il ouvre la voie aux suivants qui parodient respectivement les westerns, Star Wars et les films d'espionnage. Du grand n'importe quoi intelligent. Du Community, quoi.

La mafia des ailes de poulet (S1E21)
Le groupe prend le contrôle de la cuisine de la cafétéria et des nuggets que tout le campus s'arrache. Contrôlant l'offre, une véritable mafia du poulet se crée, l'occasion d'une magnifique parodie du Parrain.

Donjons et dragons (S2E14)
Pour aider le personnage secondaire qu'est Fat Neil, qui se sent mal dans sa peau à cause de son obésité, le groupe lui organise une partie de Donjons & Dragons que Pierce, exclu car il est méchant avec Neil, va venir pourrir. Probablement un des épisodes les plus drôles.

Flashbacks (S2E21)
C'est une tradition dans les séries comiques : l'épisode flashback, genre de best-off qui permet un épisode à moindre coût pour la production et qui fait plaisir aux fans. Community se moque ouvertement du procédé en proposant un épisode souvenirs avec... que des scènes absolument inédites et toutes plus délirantes les unes que les autres. Un bon aperçu de l'esprit de la série.

Réalités parallèles (S3E03)
Alors qu'un livreur de pizzas sonne à la porte de Abed, le groupe décide de lancer un dé pour savoir qui ira chercher la pizza, créant donc six situations possibles qui débouchent sur des univers et des réalités très différentes.

Oreillers et couvertures (S3E14)
Troy et Abed ont respectivement construit un fort de couvertures et un fort d'oreiller pour battre un record, mais l'expansion de l'un doit passer par le destruction de l'autre. Le campus se divise en deux camps et l'épisode prend la force d'un récit de guerre. Brillant.

L'épisode final (?), le S6E13
Pour conclure, le dernier épisode brise les records d'humour méta, puisque qu'il gravite autour d'un enjeu : les personnages se demandant si c'est la fin ou s'il y aura une saison 7. La conscience de leur condition de personnage de série des personnages est poussée à fond et la saison se conclut sur un monologue brillant de Harmon, l'occasion de tacler NBC, l'obsolescence du système de l'audimat et de remercier Internet et Yahoo.

...Et bien d'autres épisodes encore, bien sûr. Vous êtes encore là ? Qu'est-ce que vous attendez, sérieusement ?!
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