Contrairement à ce que l’on a pu dire sur Oliver Stone, je ne l’ai pas trouvé en béate admiration devant le président Russe, Vladimir Poutine, dans la mesure il ne renie pas son patriotisme américain. Pendant les 2 premiers épisodes, il essaie d’instaurer une relation de confiance, avec un maximum de naturel, afin d’aborder les questions qui fâchent davantage dans les deux derniers épisodes. Cette relation « amicale » prend une tournure inattendue lorsque Stone visionne Dr Folamour avec lui. Le réalisateur lui offre même le dvd alors que le blu-ray existe ! Il ne faut pas déconner non plus !
Le premier épisode clarifie la situation de la Fédération de la Russie par rapport à l’extension de l’Otan en Europe, tout en retraçant le parcours de l’homme politique et ses relations avec son entourage proche. La question de la situation de l’Ukraine est abordée superficiellement avant d’être davantage développée dans quasiment la moitie du 3ème épisode.
Le deuxième segment aborde la question de Edward Snowden et de l’ingérence des services secrets dans les libertés des citoyens du monde au nom de la sécurité pour lutter contre toutes les formes de terrorisme.
Le 4ème épisode se recentre sur les cybers attaques qui ont eu lien en Russie et aux Etats Unis, pendant les élections de 2017 et leurs conséquences géopolitiques désastreuses. Le réalisateur profite à cette occasion de glisser quelques scènes de son Snowden. Cela permet de lui faire de l’autopromotion gratuite auprès des spectateurs. Quel roublard cet Oliver !!! Dans cette ultime partie, ce dernier l’interroge sur le pouvoir et la durée d’un dirigeant au sein d'une même fonction pour savoir à partir de quand on devient un despote. Il aborde également l’avenir des relations à venir avec le président américain : Donald Trump qu’il considère comme un partenaire (et non comme un camarade – la nuance a son importance).
Au final, quasiment aucune question n’est laissée de côté comme la montée de l’homophobie dans les différentes régions de Russie ou la fortune personnelle de Mr Poutine.
Je trouve cette série intéressante parce qu’elle dresse le portrait d’un homme politique important en ce début du XXIème siècle, en apportant un éclairage différent de ce que l’on nous sert habituellement dans les médias. Il comporte automatiquement une partialité sur certaines questions puisque les hommes politiques ne disent pas la vérité pour conserver l’intégrité, la respectabilité de leur fonction et la sécurité du pays gouverné. Ce n’est pas non plus une vitrine à la gloire de cette personnalité qui dérange beaucoup, surtout du côté des Etats-Unis d’Amérique.
Cette transparence affichée est assez rare pour un dirigeant politique actuel, quelque soit sa nationalité. Parfois, elle est automatiquement calculée. Il appartient au spectateur de ne pas tout prendre au 1er degré pour saisir la complexité du personnage. Difficile de ne pas faire un parallèle avec un autre individu qui a fait l'objet d'un documentaire de la part du réalisateur : Castro. Lui aussi n'était pas un enfant de chœur.
A 70 ans, Oliver Stone prouve, avec courage, son engagement pour faire évoluer les consciences, les idées reçues sur certains sujets, tout en conservant son désir de comprendre le monde dans lequel nous vivons. Il aura toujours des détracteurs ou une incompréhension dans sa démarche mais j’apprécie ce qu’il dénonce ou veut mettre en lumière dans cette série.