Cosmos 1999 (Space: 1999 pour les fans puristes) est sans doute l’une des plus audacieuses séries de science-fiction des années 70, où l’on a décidé que faire exploser la Lune hors de son orbite pour la transformer en vaisseau spatial géant était une idée tout à fait plausible. En gros, c’est comme si on avait pris la Lune et dit : "Allez, maintenant, tu pars à l’aventure, bonne chance !" Résultat : un groupe de scientifiques et astronautes embarqués malgré eux dans une épopée interstellaire à bord d’un satellite qui n’a jamais signé pour ça.
L’intrigue commence en 1999 (qu’on imaginait alors comme un futur ultra high-tech) sur la base lunaire Alpha, où des scientifiques supervisent des expériences avec des déchets nucléaires stockés sur la Lune. Mauvaise idée, car une grosse explosion envoie soudain la Lune dériver dans l’espace à toute vitesse, emportant avec elle la base et ses occupants dans une odyssée involontaire à travers le cosmos. Ça, c’est le concept de base. Et si tu es du genre à poser trop de questions du style "Mais comment la Lune peut-elle voyager si vite ?", tu risques de te faire quelques nœuds au cerveau. Mais l’intérêt de la série, c’est de laisser la science de côté et d’accepter cette prémisse pour ce qu’elle est : un prétexte pour des aventures spatiales épiques.
À la tête de cette expédition lunaire forcée, on retrouve le commandant John Koenig, incarné par Martin Landau, qui a l'air de quelqu'un qui porte tout le poids de la Lune (littéralement) sur ses épaules. Koenig est l’homme droit et pragmatique qui tente de garder son calme face à des situations de plus en plus absurdes, comme des extraterrestres tentant de coloniser la Lune (comme si ça manquait déjà d’espace !). À ses côtés, la médecin Helena Russell (Barbara Bain) apporte une touche plus humaine à cette exploration de l’inconnu, tout en maintenant une coiffure qui résiste à toutes les lois de la gravité.
Visuellement, Cosmos 1999 est une série qui mise à fond sur les effets spéciaux d’époque, avec des maquettes de vaisseaux spatiaux (les Aigles sont emblématiques) qui donnent une impression de réalisme rétro absolument délicieuse. Les décors sont volontairement futuristes, avec ces panneaux de contrôle plein de lumières clignotantes et de boutons dont on ne connaît jamais vraiment la fonction, mais ça fait très sérieux. La base Alpha est une merveille de l’esthétique 70s : minimalisme blanc, col roulés, et écrans géants façon moniteurs Atari. On dirait que l’équipage se prépare autant à une mission spatiale qu’à une séance photo pour un magazine de mode galactique.
Les épisodes oscillent entre exploration scientifique et rencontre du troisième type. Chaque nouvelle destination que la Lune traverse est l’occasion de croiser des civilisations extraterrestres, des anomalies spatiales ou des phénomènes cosmiques inexplicables, tout cela agrémenté de mystères métaphysiques à la sauce 2001, l’Odyssée de l’Espace. Si parfois l’intrigue prend des tournures un peu trop cérébrales ou philosophiques (avec des questions sur la nature de l’univers, l'existence humaine, etc.), on est toujours ramené à une bonne vieille confrontation avec des extraterrestres en costumes kitsch, parce que, soyons honnêtes, c’est pour ça qu’on regarde.
Les personnages secondaires, comme le professeur Victor Bergman, le scientifique de la bande, ajoutent une touche de sagesse à l’équipe. Avec son air de savant un peu dépassé par les événements, il est toujours prêt à sortir une explication technico-philosophique sur ce qui se passe, même si ça ne fait qu’embrouiller encore plus tout le monde. Mention spéciale à Maya, l’alien métamorphe qui rejoint l’équipage lors de la saison 2, et qui peut se transformer en à peu près n’importe quoi (pratique pour les situations d’urgence, même si ses transformations sont souvent inutiles… mais cool).
L’une des forces de Cosmos 1999, c’est cette ambiance à la fois oppressante et fascinante. Le fait que la Lune soit condamnée à dériver éternellement dans l’espace, sans jamais savoir où elle atterrira, crée une tension constante. Il y a quelque chose de poétique dans cette idée de l’errance spatiale, où chaque épisode est une nouvelle rencontre avec l’inconnu, à la merci des caprices du cosmos. C’est un voyage sans retour, avec toujours ce petit espoir de trouver une planète habitable (spoiler : ça n’arrive jamais, bien sûr).
Mais la série n’est pas sans ses défauts. Le rythme peut parfois être lent, les intrigues trop alambiquées, et les personnages un peu rigides dans leurs rôles respectifs. Certaines décisions scénaristiques laissent perplexe (comme des extraterrestres qui parlent un anglais parfait avec un accent de Shakespare), et certains effets spéciaux, bien que charmants, accusent sérieusement leur âge. Mais qu’importe ! On est là pour le spectacle, pour les aventures lunaires, et pour voir John Koenig garder son calme face à des situations de plus en plus ridicules, tout en portant ses costumes futuristes avec classe.
En résumé, Cosmos 1999 est une série de science-fiction rétro qui sait captiver avec son esthétique unique et son concept audacieux. Si tu es prêt à accepter l’idée farfelue d’une Lune voguant dans l’espace et à te laisser emporter par des histoires interstellaires qui mélangent réflexion philosophique et batailles galactiques kitsch, alors cette série est faite pour toi. Prépare-toi à explorer l’infini avec des cols roulés bien serrés et des vaisseaux spatiaux à manettes, parce que l’espace n’a jamais été aussi groovy !