Crazyhead
6.1
Crazyhead

Série E4 (2016)

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Howard Overman c'est le papa de Misfits, et de pas grand chose d'autre, mais bon, on le pardonne, parce que Misfits c'est vraiment bien. Allez, donnons lui quand même un peu de crédit, il a réalisé deux séries policières dont une adaptation de Dirk Gently qui ne m'attire absolument pas après avoir vu la toute récente avec Elijah Wood, ainsi qu'Atlantis, une série totalement nanardesque carburant à 4 de moyenne et qu'il faut absolument que je mate depuis que j'ai vu la bande-annonce. Parce que là mon gars, y a du matos pour tout amateur d'étron audiovisuel.


Et c'est également le géniteur de Crazyhead donc, que j'ai finalement regardé après que Netflix m'ait collé l'affiche promotionnelle une énième fois sur la rétine. Ma foi, je partais plutôt en confiance. L'accent anglais me mets toujours dans de bonnes dispositions, et ça commence par un exorcisme à grand renfort d'urine et de masques de clown dans un entrepôt désaffecté, tout ce que j'aime.


Mais, mais, mais, la réalité rattrape bien vite les espérances, et après un premier épisode rempli de jumpscares irritants putassiers au possible, de dialogues graveleux pleins de métaphores aléatoires, et de leçons de non-acting de la part de personnages perdus entre deux trous d'écriture, mon intérêt a chuté le long d'une pente aussi raide qu'un 11e-rez-de-chaussée par voie aérienne.


Je me suis quand même enfilé la suite, histoire de, parce qu'il n'y a heureusement que 6 épisodes.
Et c'est du beau gâchis. Ce qui est exceptionnel, c'est qu'avec un postulat de départ mille fois plus délirant que celui de Misfits, Howard ait accouché d'un truc qui soit à la fois moins drôle, moins touchant, moins imaginatif et qualitativement nul à chier.


Déjà, le duo principal est mauvais. On a Amy, qui est transparente, et on a Raquel, qui est irritante. Je sais pas si elles sont mal dirigées ou juste perraves, mais putain, l'acting est dégueulasse. Elles ne transmettent rien. Amy, quand elle ferme sa gueule et essaye de faire passer quelque chose, reste là, bras ballants, bouche ouverte, comme une putain de pintade devant une brosse à dents. Le fait qu'elle soit en plus physiquement le sosie parfait de Leslie Knope en plus jeune n'a personnellement rien arrangé, si ce n'est la rendre encore plus énervante. Quant à Raquel, c'est à peu près la même chose, mais elle au moins elle ferme la bouche quand elle ne gueule pas pour rien.


Y a pas un perso pour sauver l'autre, et même le sidekick comique est raté, une espèce de carcasse vide remplie d'allusions sexuelles immondes qui sortent au mauvais timing, rendant la performance malaisante au possible. Dans Misfits, quand Nathan ou Rudy sortent une atrocité, c'est drôle, parce que leurs persos sont cohérents, tu sais que c'est des jeunes adultes vulgaires et trash, mais ils ne sont pas définis que par ça. Là, l'autre abruti, c'est sa mauvaise marque de fabrique.


Ci-joint, petit exemple de ce que peut donner un dialogue entre ces trois abrutis :


AMY : Vite Jake, suit cette camionnette noire, tu viens de nous récupérer en forêt à deux heures du mat alors qu'on est couverte de terre mais tu n'as le droit a aucune réponse, et t'façon comme t'es un type que j'appelle mon ami alors que je ne te donne aucune considération pendant que tu risques ton cul pour moi, tu n'en exigeras pas.


JAKE : Amy, on est censé tout se dire en tant qu'amis, parfois quand il n'y a plus de PQ je me torche avec du jambon !


AMY : Mais c'est dégueulasse !


JAKE : Ouais, et la dernière fois j'ai baisé un tacos, ma maman dit faut pas gaspiller la nourriture.


Raquel se relève du siège arrière.
RAQUEL : Euh ... euh Jake, je sais que ça peut paraître bizarre mais Amy elle aime sentir les pins pendant qu'on baise, ouais parce qu'on est gouines tu vois.


AMY (à Raquel) : Mais qu'est-ce que tu dis ?


RAQUEL (à Amy) : T'inquiètes, c'est un alibi du tonnerre, je suis une super menteuse.


JAKE : Ah c'est pour ça qu'elle ne voulait pas s'empaler sur ma pine, je me disais bien aussi, impossible de résister à mon charme. Eh, je vous ai déjà raconté la fois où je me suis enfilé une guitare dans le cul ? Au fait, pourquoi on suit cette camionnette noire ?


Raquel et Amy paniquent et font les gros yeux.
AMY : Parce que euh ... dedans eh ben y a le mec de Raquel, elle pense qu'il la trompe avec une team de hockeyeurs masculins.


RAQUEL (à Amy) : Mais qu'est-ce que tu dis ?


AMY (à Raquel) : T'inquiètes, c'est un alibi du tonnerre, je suis une super menteuse.


RAQUEL : Ouais, mon mec c'est un pédé, et moi je suis gouine, t'entends, je suis lesbienne. Toutes des lesbiennes, blablablabla, tous des pédés, blabla blabla.


JAKE : AAAAAAH maintenant j'ai plein d'images en tête, avec plein de trucs dans pleins de culs et des bites et des culs, et les hockeyeurs ils donnent tout, et bite poil cul, bite tacos. Au fait, hier, j'ai baisé un melon, putain le meilleur coup de ma vie.


Voilà, à peu de choses près, à quoi ressemble un dialogue dans Crazyhead.
Et encore, si ce n'était que les dialogues.
Mais le scénario aussi est lamentable, en plus d'être prévisible et convenu. Les méchants et les autres persos sont classiques de chez chiantos (que ce soit le grand vilain, le démon boyfriend, la pote vampire malgré elle ou le pôpa démon), les pseudo-retournements aussi, y a très peu d'idées, c'est un peu le désert de la créativité. Et, dès que tu sens un petit sursaut d'originalité (genre le démon qui possède la mère célibataire) ben c'est vite torché : ils exploitent le gimmick jusqu'à la corde avant de passer le perso en arrière-plan.


Ah, et la musique, là où elle était en règle générale bien choisie et superbement intégrée dans Misfits, ici on a droit à de la merde auditive interchangeable, dans laquelle deux ou trois bons titres se sont glissés par erreur a des endroits où ils n'avaient rien à faire.


Néanmoins, respect : c'est bien la première fois qu'une série parlant autant de cul arrive à me faire si profondément chier.

Swzn
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le 29 déc. 2016

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Swzn

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