Crossbones, c’est un peu comme si on avait décidé de ressortir les vieux récits de pirates poussiéreux, de rajouter John Malkovich en Blackbeard (oui, oui), et de se dire que ça suffirait pour faire une série épique. Spoiler : ça ne suffit pas. Ce qui aurait pu être un trésor d’aventure et d’action vire rapidement à une croisière en eaux calmes, sans les frissons attendus et avec plus de trous dans le scénario qu’une voile déchirée en pleine tempête.
Le gros atout de la série sur le papier, c’est John Malkovich en légendaire Barbe Noire. Alors oui, Malkovich, avec son charisme étrange et sa manière inimitable de mâcher les mots, est toujours un spectacle en soi. Mais un pirate terrifiant, il n’est pas. Son interprétation de Barbe Noire ressemble plus à un oncle excentrique en quête de sagesse qu’à un capitaine sanguinaire des Caraïbes. Il passe plus de temps à philosopher et à gratter des parchemins qu’à effrayer quiconque, ce qui, avouons-le, tue un peu le mythe du pirate sanguinaire. On aurait voulu un Barbe Noire qui claque des sabres, pas un qui récite des poèmes en contemplant le coucher de soleil.
L’histoire se déroule dans une colonie de pirates où Blackbeard a monté son petit royaume secret, mais même ce décor de rêve pour tout fan de piraterie finit par te sembler aussi excitant qu’une station balnéaire en basse saison. L’intrigue principale tourne autour d’un certain Tom Lowe (joué par Richard Coyle), un espion britannique infiltré pour éliminer Barbe Noire. Mais entre les jeux d’espions, les trahisons et les secrets, la série s’enlise dans des dialogues sans fin, sans jamais vraiment sortir l’artillerie lourde. Tu attends de l’action, des abordages, du rhum qui coule à flot, et des épées qui s’entrechoquent… mais tu te retrouves souvent à bailler entre deux répliques pseudo-philosophiques.
Le vrai problème de Crossbones, c’est qu’elle semble constamment hésiter entre être une série d’action-aventure ou un drame psychologique sur la quête de pouvoir. Et au final, elle n’excelle ni dans l’un ni dans l’autre. Les moments d’action sont rares et peu mémorables, tandis que les intrigues politiques et les manipulations manquent cruellement de tension. C’est un peu comme si la série voulait être le Game of Thrones des pirates… mais sans dragons, ni intrigue complexe, ni personnages captivants.
Visuellement, Crossbones essaye de te vendre des paysages exotiques, des plages paradisiaques, et des décors de bateau, mais même ça finit par manquer de souffle. Les scènes sur l’eau, censées être épiques, sont souvent filmées de manière plate, sans le moindre frisson maritime. Les combats, eux, sont tellement rares qu’on se demande si les acteurs n’ont pas perdu leurs épées entre deux épisodes. Où sont les abordages dramatiques ? Les batailles navales sous un ciel noirci de fumée ? Pas ici, malheureusement.
Le casting secondaire, malgré quelques visages intéressants, peine aussi à redresser la barre. Les personnages sont pour la plupart des archétypes de pirates ou de nobles britanniques vus et revus, et même les moments de rébellion ou de loyauté sonnent creux. Tu n’arrives pas vraiment à t’attacher à eux, ni à redouter leurs ennemis. C’est comme si chacun jouait son rôle en pilotage automatique, en attendant la prochaine escale.
Le comble ? Même le fameux trésor qu’on espérait découvrir en suivant cette série finit par être une fausse promesse. À chaque épisode, tu attends qu’un rebondissement vienne tout relancer, qu’un mystère soit enfin dévoilé, mais non. La série navigue en rond, jusqu’à ce que tu finisses par te demander si elle ne s’est pas perdue quelque part en mer, sans carte ni boussole.
En résumé, Crossbones est une série qui avait tout pour devenir une épopée pirate digne de ce nom, mais qui finit par s’échouer sur les récifs de l’ennui. Avec un Blackbeard trop introspectif, des intrigues qui manquent de mordant, et des scènes d’action aussi rares qu’un trésor enfoui, la série te laisse plus frustré que comblé. Si tu espérais une aventure palpitante pleine de pirates assoiffés de sang, tu risques de finir par jeter l’ancre et changer de cap.