Sur 5 saisons s'écoule le bras de fer entre Ellen Parsons, joué par Rose Byrne, jeune avocate ambitieuse mais encore insouciante, et Patty Hewes en la magnétique Glenn Close, chef de cabinet impitoyable. A tour de rôle, les actrices se livreront une guerre sans-merci à demi-mot, se passant le relai de la tromperie, de la manipulation et aussi de purs sentiments. Car si Rose Byrne apprendra à sortir d'un monde naïf , non sans difficulté, pour saisir les véritables relations sous-jacentes de son métier, la formidable Glenn Close gagne en profondeur et en complexité, rompant à quelques reprises sa carapace que l'on dit invulnérable. Les dernières scènes de la série résument bien ce passage de relai, entre une femme qui avant était déchiré et est maintenant libre, et une autre qui avait tout, mais a tout perdu et le plus important : l'amour de ses proches.
Et que dire de la forme ? Un montage et un étalonnage à la hauteur de la complexité des intrigues, en jouant sur la temporalité, ce qui a pour effet premier de déstabiliser le spectateur mais qui est cruellement addictif une fois que l'on est immergé. La photo, sans être incroyable est immédiatement adopté car joue également un rôle ( avec le montage ) avec des codes identifiables au fur et à mesure des épisodes ... C'est vraiment, très bien pensé. Une fois que le spectateur a compris les codes, c'est une mécanique qui s'installe et on devient accro.
Sur le fond, une deuxième saison un peu plus molle, plus complexe, plus pointu sur les intrigues, l’afflux innombrables de détails en tout genre, viennent parfois, un peu gâcher les dialogues qui peuvent paraître longs et superficiels. Prévu ou pas ? Les autres saisons sont aussi pêchus et addictives que la première. On y retrouve alors le suspense et la tension, sans jamais basculer dans des séquences d'actions vulgaires, tout est subtil, le spectateur est perdu volontairement, manipulé avec brio.
Bref, une série que je recommande à tous, ne serait-ce pour la performance de Glenn Close, exceptionnelle dans son intransigeance, son impitoyable volonté de gagner et dans la terreur qu'elle semble dégager autour d'elle.