Au moment où Peter Kosminsky revient sur Canal+ avec le provocant The State, Arte rediffuse Wolf Hall, ses Tudors minimalistes. La série date de 2015 et cette tanière du loup est une énième variation, adaptée des livres de Hilary Mantel, sur le grand événement fondateur de la monarchie anglaise : comment un pays profondément catholique, avec un roi marié à une princesse espagnole, Catherine d’Aragon, a basculé dans un régime totalement spécifique inspiré par la réforme.
Il y avait déjà eu la version glamour signée Michael Hirst, et beaucoup d’autres versions cinématographiques, il y a maintenant le Wolf Hall de Monsieur Kosminsky. C’est évidemment le premier atout marketing de cette mini-série de six épisodes. Sec comme un coup de trique comme Warriors, sans concession, comme La Promesse. Mais il y a aussi Mark Rylance, le Rudolf Abel du Pont des Espions, le père de Dunkerque. Il interprète ici un Cromwell de haute facture : silencieux, machiavélien, tour à tour terrifiant et terrifié.
On le comprend, ces Tudors-là sont à l’exact opposé des Tudors de Hirst. Pas de beaux costumes, pas de décors magnifiques, mais plutôt une sorte de reportage, caméra à l’épaule, dans de vrais décors. C’est la force et la faiblesse de la version Kosminsky. Sexy comme une bible de Martin Luther, il a pourtant tout pour plaire. Pour cette vision ultra réaliste des relations très particulières qu’entretiennent prince et conseiller, le premier toujours à quelques centimètres de piquer la tête du second au bout d’une pique (ce qu’il fera quelques années plus tard)…
Rylance est tout simplement parfait dans le rôle, gardant dans le silence, plutôt que proférer d’inutiles dialogues, une relation distante avec ses maitres (Damian Lewis, tout aussi parfait en Henri VIII).
Pour tout amateur d’histoire : un must.
cinefast