La première saison de Dark avait contenté un large public, autant intrigué par l'exotisme peu commun de la SF allemande qu’exalté par le succès mondial de Stranger Things. Et il faut accorder à Netflix un certain nez pour avoir produit un truc qui ne sentait pas le carton d'office. Disons le, les Allemands nous ont surtout habitué à des productions policières kaki et exemptes de vie qui ont fait le bonheur de nos EHPAD (Derrick, le Clown, Un cas pour deux, Rex... on est loin de la maestria d'un commissaire Moulin ou d'un Julie Lescaut !). Une nouvelle génération d'auteurs fridolins semble vouloir tordre le cou à ce stéréotype.
La qualité d'écriture et de mise en scène de la saison 1 sont incontestables. Les acteurs assez convaincants et la réalisation au niveau des productions américaines. Le seul point négatif se nichait dans la fin de saison, avec un cliffhanger "visiteuresque" qui faisait craindre le pire quant à la future orientation de la série.
Deux ans plus tard la saison 2 débarque, et au moment de s'y coller, j'ai déclaré forfait dès le 3e épisode. Je ne parle que de mon expérience perso, et je dois bien avouer que je ne comprends absolument plus rien.
Les personnages sont nombreux et existent donc en 2 ou 3 différentes versions suivant les époques. Plutôt que de vieillir ou rajeunir certains d'entre eux, le choix a été fait d'utiliser autant d'acteurs différents pour les jouer, avec des ressemblances parfois contestables. Or les maigres indices pour les différencier comme les yeux vairons, les brûlures ne suffisent pas toujours. Le spectateur lambda peut se retrouver largué dans les grandes largeurs.
J'ai opéré une tentative perpétuelle de me rappeler qui parle, au sujet de qui, à quelle époque, pourquoi il dit ça à ce moment là... Ajoutez à cela les noms allemands que j'enregistre pas, c'est de famille, l'expérience est contrastée : J'ai l'impression d'avoir Alzheimer.
De plus, en faisant cet effort constant de contextualisation, je suis incapable de me prononcer sur la qualité du projet. Si ça se tient, si les scènes sont du remplissage vain qui se contente de tenir la route temporellement parlant ou si l'on se trouve devant une série géniale avec un fond plus profond. Je suis pas sûr que cette approche du voyage dans le temps souffle un vent nouveau sur le genre. Au final le passé est le passé, on ne peut le changer car il est un cycle immuable. N'importe quel épisode de Twilight Zone nous l'apprend en moins de 25 minutes.
Au niveau de la réalisation, elle est toujours soignée, presque rigide, tout au plus peut-on regretter l'abus de gros plans inquiétants sur le méchant curé (une influence d'handmaid's tales ?), et la vision archi éculée du futur apocalyptique qui donne parfois une coloration bas de gamme à l'ensemble. Même les twists n'en sont pas vraiment, étant donné que chaque personnage qui débarque a 80% de chance d'être un personnage qu'on connait déjà mais sous des traits plus vieux ou méconnaissables...
On est loin de la qualité de Lost en matière de narration et de mise en scène. Quand une histoire est complexe, il faut s'efforcer de la raconter avec le plus de simplicité possible. Et le choix d'utiliser pas loin de 40 acteurs pour se partager 15 rôles limite la compréhension quand ça ne rend pas l'ensemble imbitable.
Dark à 14H sur France 3 bientôt ? Nous verrons.