Promis, je préviendrai quand je commencerai à spoiler !
Le temps est une boucle, il se répète dans un cycle infernal infini. Voilà. Maintenant vous êtes prêts pour regarder dark.
Toute l'intrigue est un vrai foutoir sans nom capable de vous faire perdre la tête avant même d'avoir fini la première saison. Et c'est le but. Soit vous suivez le rythme (bravo) et vous arriverez à prévoir les rebondissements, soit vous vous laissez porter par l'intrigue et vous découvrirez les pièces du puzzle au fur et à mesure, tout comme la plupart des personnages.
Le plus dur avec une oeuvre sur les voyages dans le temps, c'est de rendre les évènements imprévisibles. Donc dark devrait logiquement toucher le fond en nous rabâchant depuis son tout début que le passé, le présent et l'avenir sont inéluctables : tout est prévu.
Pourtant, le sac de noeuds qui fait office de scénario arrive toujours à ressortir une nouvelle info. Et ça colle ! Tout est lié ! Je viens de finir la saison 3 et tout était mis en place depuis le début, les indices ont toujours été présents. Et au final, le scénario colle à l'intrigue (heureusement) : la ligne temporelle de l'univers de dark est un noeud créant et écrasant la destinée de tous ses personnages. Tout est lié.
Le seul but des personnages est de défaire ce noeud pour changer le cours des choses. Mais le destin est inéluctable et rien ne peux être changer. Autant vous dire que vous allez être souvent déçu.
Je ne vous dirai pas si la finalité sera finalement atteinte ou non. Question de principes.
Tout ça pour dire que cette série m'a complètement subjugué. Une atmosphère pesante et froide, une musique toujours bien accordée et loin des standards, une volonté de préserver le mystère jusqu'au bout et surtout une manière de filmer particulière, très souvent en plans fixes.
Tout est fait pour vous perdre.
Mais accrochez-vous, ça vaut vraiment le coup.
Maintenant ça va spoiler sévère :)))))))
On en parle du générique ? Je serai capable de le regarder en boucle pendant des heures. Depuis la saison 1, il débute chaque épisode sur cette même musique hypnotique et sur des images qui s'animent en symétrie tantôt radiaire, tantôt axiale. Un vrai kaléidoscope. Une mosaïque d'univers parallèles. C'était là, sous notre nez, depuis le début.
Et là je repense à tous les haters quand ils ont vu débarqué l'autre martha à la fin de la saison 2. "Hé mes la saizon trwa deux darc sa va vréman ètr ninport kwa hin". Ben non. C'est la meilleure des 3.
La première saison pose les bases et les questions. La deuxième répond et nous donne l'espoir d'un changement qui finalement n'arrive pas. Et la troisième achève de boucler le cycle avant de finalement le détruire.
Depuis le début, on nous dit que tout est imbriqué. L'apparition du monde parallèle nous révèle tout une facette cachée de l'histoire. Mais une facette qui a finalement toujours était là. Dans l'ombre. Ce qui est paradoxal car Eva se défini comme la lumière. Tandis ce qu'Adam, aka l'ombre, est dans la lumière depuis longtemps. Et cette révélation, sans être sensationnaliste, nous permet de passer de l'autre côté du miroir. De perdre notre innocence. Car pour reprendre les propos d'Eva, un humain possède trois vies : La première s'achève quand on perd notre naïveté, la deuxième quand on perd notre innocence et la troisième quand on perd la vie elle-même.
La première saison lève le voile sur les sombres secrets des personnages. La perte de la naïveté.
La deuxième voit l'échec de Jonas et le désespoir de ne pouvoir changer le destin puis la révélation du monde parallèle. La perte de l'innocence.
La troisième est finalement l'achèvement du scénario, la compréhension totale de l'intrigue, la disparition des deux mondes puis la fin de la série. La mort.
3 saisons. 3 mondes. 33 ans entre chaque époque. 3 vies pour les personnages qui ont cette chance (Jonas, Martha, Tronte, Helge, Claudia ...). Passé, présent et futur. Adam, Eva et le serpent. Mais qui est le serpent . Tannhaus. L'élément déclencheur. Qui créé les deux mondes en scindant le sien. L'homme voulant surpasser la création par égoïsme. Le pêché originel.
La notion de 3 est présente dans toute l'oeuvre. Le 3. La trinité. La troisième voie qui s'offre finalement à l'intrigue quand celle-ci soumet le choix binaire entre l'ombre et le lumière. La destruction et la continuité. Toutes les portes semblent fermées et le cycle condamné à se répéter jusqu'à l'apparition de la troisième voie, du troisième monde. Le 3 représente finalement l'équilibre.
Et cet équilibre se retrouve finalement avec la destruction des deux mondes. Le dernier épisode est vraiment bien réussi contrairement à d'autres séries (je ne pense pas nécessairement à GoT). Le passage de Jonas et Martha dans ce qui semble être l'espace entre les univers, le changement sensible de résolution de l'écran pour les scènes situées dans le monde d'origine. Ce changement à peine perceptible change beaucoup l'atmosphère de la série. Je m'en suis rendu compte car j'ai dû faire une pause dans mon visionnage, je ne pense pas que je l'aurai vu sinon.
La scène de la disparition de Jonas et Martha est très forte, mais tout en poésie. Tout en douceur. Les deux mondes s'estompent progressivement, comme s'ils n'avaient jamais existé. Sans rancoeur, sans peur, sans violence. Avec un sentiment de paix, de soulagement. Pas d'happy end, mais on dirait presque. Le voilà le paradis : la fin de cet enfer, le soulagement et le repos de ces âmes qui n'avaient pas demandé à exister. Et putain qu'est-ce que c'est beau.
J'ai pas pleuré, vraiment. Mais la reprise de "what a wonderful world" était tellement belle et bien amenée que je m'en souviendrai toute ma vie (elle est déjà dans mes musiques favorites, bien qu'elle soit courte). Reprendre une musique transpirant la joie de vivre, la rendre triste au possible, et la mettre sur la scène de fin. Du pur génie.
Je ne parlerai pas du fait que Tannhaus à sauver son fils sans le savoir, puisque Jonas a finalement fini par le sauver pour éviter que Tannhaus ne divise son monde en deux en cherchant à remonter le temps. D'autres le feront probablement à ma place.
L'épilogue du repas m'a fait des frissons dans le dos. Un dernier clin d'oeil discret aux personnes disparues (bien que très malaisant pour les convives). Je concède que les dernières paroles d'Hannah étaient COMPLÈTEMENT PRÉVISIBLES. Mais bon, je passe l'éponge pour cette fois.
Je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter. C'est un chef d'oeuvre et je suis en manque de mots pour le qualifier.
N'oubliez jamais que l'amour pour notre prochain peut nous emmener très loin.