Dark, c’est un peu comme si on avait demandé à Stranger Things et Twin Peaks de se poser dans une forêt allemande, de boire une bonne bière bien sombre, et de réfléchir sur le temps qui passe… ou qui ne passe pas. Ajoute à ça des voyages temporels plus compliqués qu’un Rubik’s Cube en trois dimensions, des secrets de famille enfouis plus profondément que le noyau terrestre, et une ambiance qui te colle à la peau comme un vieux mystère poussiéreux. Le résultat ? Une série qui te fait réfléchir, paniquer, et parfois consulter ton arbre généalogique personnel pour être sûr de ne pas avoir raté un cousin du futur.
L’histoire démarre à Winden, un petit village allemand où tout semble aussi tranquille qu’un après-midi pluvieux. Mais, comme souvent dans les villages où l’ennui règne, des choses louches commencent à se passer. Des enfants disparaissent, des grottes mystérieuses se révèlent pleines de secrets, et soudain, tu te rends compte que le voyage dans le temps n’est pas qu’un délire de science-fiction, mais une réalité qui vient joyeusement tout compliquer. Là où Dark te prend vraiment par surprise, c’est que les voyages temporels ne se limitent pas à un simple "allez, on revient dans le passé pour changer le futur". Non, ici, le temps est un serpent qui se mord la queue, et chaque action semble déjà écrite dans une boucle infernale. Oui, prépare-toi à quelques maux de tête bien carabinés.
Le point fort de Dark, c’est son intrigue tentaculaire. Ce n’est pas juste une histoire de disparition d’enfants, c’est un enchevêtrement de destins qui se croisent et se recroisent à travers différentes époques. Tu vas devoir suivre quatre familles sur plusieurs générations, chacune avec ses propres secrets, ses non-dits et ses casseroles bien rangées dans le placard. Le hic ? Il va falloir rester concentré, parce qu'entre les voyages dans les années 50, les années 80, et le présent (sans parler de futures éventuelles), tu te retrouves vite à te demander "mais attends, c’est lui qui est le père de celui-là, ou c’est son fils dans une autre époque ?". Un vrai casse-tête, mais étrangement addictif.
Les personnages sont nombreux, et même si certains te donnent parfois l’impression de sortir tout droit d’un roman gothique (oui, c’est souvent des visages qui crient "j’ai un gros secret"), ils sont tous subtilement développés. Jonas (Louis Hofmann), le héros au cœur brisé par la disparition de son père, devient rapidement le fil rouge de cette intrigue labyrinthique. Il incarne cette quête presque désespérée de comprendre ce qui se trame réellement à Winden, tout en étant lui-même pris dans une spirale où il ne sait plus quoi (ni quand) croire. Il y a quelque chose de profondément humain dans sa quête, malgré tout le bazar temporel qui l’entoure.
Visuellement, Dark est un pur régal. L’ambiance est pesante, avec une photographie qui joue constamment sur les ombres et la lumière pour créer une atmosphère oppressante. La forêt de Winden devient presque un personnage à part entière, un lieu où chaque arbre semble cacher un secret, et où chaque pas te rapproche d’un mystère encore plus grand. La pluie, omniprésente, ajoute une couche de mélancolie à l’ensemble, comme si l’univers entier essayait de te dire que tout est inévitable, que rien ne peut vraiment changer. Même le bunker dans lequel certains événements cruciaux se déroulent est un espace claustrophobique où le temps semble se figer.
Dark joue aussi avec ton esprit en distillant des indices ici et là, en te poussant à faire des connexions mentales que tu n’aurais jamais imaginées. Mais attention : c’est le genre de série où, même si tu penses avoir tout compris, il y a toujours une nouvelle révélation qui te laisse bouche bée, ou qui te donne envie de revoir les épisodes précédents avec un nouveau regard. C’est aussi une série qui prend son temps. Le rythme peut parfois paraître lent, surtout quand tu as l’impression de ne toujours pas comprendre les règles du jeu au bout de plusieurs épisodes. Mais chaque scène, chaque dialogue compte, et la série te récompense pour ta patience avec des moments de pure tension et des retournements de situation à faire frémir les plus aguerris des amateurs de science-fiction.
Cependant, l’une des critiques qu’on pourrait faire à Dark, c’est qu’elle peut devenir un peu trop complexe pour son propre bien. Si tu décroches ne serait-ce qu’un instant (genre, si tu oses regarder ton téléphone pendant un épisode), tu risques de perdre le fil de cette toile temporelle. Certains moments semblent volontairement opaques, et même après plusieurs épisodes, certaines réponses continuent de se faire désirer. Mais au fond, c’est peut-être là que réside aussi le charme de Dark : elle ne te donne jamais tout sur un plateau, elle te fait travailler, réfléchir, et même douter de ta propre chronologie personnelle.
En résumé, Dark est une série fascinante, sombre, et tortueuse, où le temps n’est pas un simple concept linéaire mais un labyrinthe dont on ne sort jamais vraiment. Si tu aimes te creuser la tête et que tu es prêt à plonger dans une intrigue où chaque seconde compte (au sens littéral), cette série te captivera avec ses mystères enchevêtrés et son ambiance aussi pesante qu’intrigante. Mais attention, prépare-toi à des migraines temporelles... et à peut-être te demander si ton grand-père n’a pas lui aussi quelques secrets cachés dans une grotte.