Prenez une télé-réalité classique bien décérébrante, au hasard : The Big Brother Show. Lâchez-y quelques zombies. On tient là un bon concept qui a l'avantage d'être original tout en faisant la critique du voyeurisme et de la stupidité de certains programmes. Le tout limité à 5 épisodes, avec une réalisation à l'anglaise qui n'est pas sans rappeler 28 jours plus tard (mais malheureusement, en beaucoup moins qualitatif).
SYNOPSIS
En plein tournage de l'émission Big Brother, diffusée par Channel 4, une épidémie affecte Londres. Les zombies se multiplient et attaquent sauvagement la population qui est, à son tour, infectée. Les monstres finissent par envahir les studios de production, tandis que les candidats, toujours dans leur loft, ignorent ce qui se déroule à l'extérieur.
"DOES THIS MEAN WE'RE NOT ON TV ANYMORE ?"
La série, tournée sur une réplique des véritables locaux de Big Brother et bénéficiant de sa présentatrice officielle au sein du casting, fut diffusée par Channel 4 – celle-là même diffusant d'habitude le programme Big Brother – faisant à la fois sa publicité et son autocritique.
Les candidats de Dead Set sont exceptionnellement criants de crédibilité ; on y retrouve la bimbo au Q.I. d'huître et à la poitrine conséquente, le grand black efféminé aux tenues excentriques, l'intellectuel insupportable, etc. A de nombreuses reprises, leurs réactions nous mettent très mal à l'aise (que ce soit avant ou après l'attaque de zombies d'ailleurs). Enfermés dans leur ignorance symbolisée par les murs du loft, ils refusent d'ailleurs d'en sortir, comme en atteste leur attitude moqueuse et incrédule.
[Attention, quelques SPOILERS dans la suite]
Tout ce qui compte pour eux est d'être vus et remarqués, et c'est lorsque les caméras de Big Brother ne sont plus braqués sur eux qu'ils commencent à ressentir l'inconfort de la situation. Ce phénomène atteint son summum avec la remarque d'une candidate qui, devant l'attaque de zombies, n'a d'autre remarque que : "ça veut qu'il qu'on ne passe plus à la télé ?".
Dead Set est une critique du voyeurisme à l'origine et découlant des émissions de télé-réalité, et use du voyeurisme à son tour pour nous le faire comprendre. Le gore est omniprésent, cru, voire insupportable parfois, comme si la série souhaitait nous faire réagir grâce à ce choc. Sans oublier le producteur de cette émission, décrit comme un odieux personnage, amoral, et répugnant qui plus est. Une scène très marquante le montre en train de déféquer dans un seau faute de toilettes disponibles, sous l'oeil effaré et la moue dégoûté d'une candidate de Big Brother. Ceci symboliserait-il la production de l'émission de télé-réalité et sa réelle nature ? Ou la déshumanisation "infligée" aux candidats de son émission dont tous les faits et gestes sont épiés en permanence ?
Les zombies, quant à eux, nous rappellent fortement ceux de 28 jours plus tard, ce film de Danny Boyle qui donna un coup de fraîcheur au genre avec des créatures rapides – donc beaucoup plus dangereuses – et extrêmement agressives. Quant à leur symbolique, nous l'avons tous comprise – nous tous, zombies décérébrés devant notre écran de télévision, abrutis par des émissions de télé-stupidité.
Certains trouveront la réalisation bien vue et angoissante ; pour ma part, je l'ai trouvée désagréable : le caméraman semble avoir la maladie de Parkinson et certains plans donnent presque la nausée tant l'image tremble. D'autre part, le concept, qui aurait pu être brillant, s'essouffle très rapidement, et le cinquième épisode est presque de trop, avec personnellement, une certaine lassitude face aux scènes de boyaux dépecés et autres cris interminables (mais ta gueuuuuuuuule !).
Une série différente, intéressante, à voir une fois, mais pas plus, et surtout, à éviter aux âmes sensibles.