C'est bien dommage de voir le style très coloré et expressif du graphic novel signé Remender et Craig subir une uniformisation populaire typique de Netflix. Le postulat avait de quoi sortir des sentiers battus, et il y a bien quelques fulgurances visuelles comme tous les flashbacks en dessin-animé dans le style de la BD, ou cet épisode 5 totalement halluciné, entre un Enter the Void et Mr Robot, mais autrement, c'est ultra-convenu. Notre jeune protagoniste SDF intègre une académie où les étudiants sont entraînés à devenir des assassins - une sorte d'Umbrella Academy d'ados psychologiquement dérangés. Or, derrière l’apparente tonalité noire misanthrope digne de Rorschach, sous une imagerie classieuse à la John Wick, on se coltine un pseudo-subversisme teen edgy fait de péripéties meurtrières et sexuelles. On a alors bien du mal à se décider sur le statut parodique, sérieux ou d'autodérision de l’œuvre tant le teen drama est proéminent pour ces ados qui tentent d'échapper à leur passé ou héritage familial. On y trouve aussi un peu de Skins, Misfits et Elite, avec des conflits entre les outsiders et enfants de familles criminelles, et une débauche régulière. Le setting de la fin des années 80 n'est pas très impactant, hormis sur la musique plutôt orientée synthwave. Par ailleurs, en plus de problèmes de rythme et d'hétérogénéité dans l’enchaînement des évènements, cette première saison n'est même pas conclusive - et n'aura pas de suite.