Dear showrunner ...
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le 14 août 2018
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A l'issue de cette ultime saison d'une série aussi complexe dans sa forme que dans les sujets qu'elle a courageusement contribué à mettre sur le devant de la pop culture, le temps d'un débriefing est venu. Quand les réactionnaires de tout poil reprennent en chœur le vocabulaire et les thématiques développées dans cette série pour le mettre au ban du débat public, on aurait tendance à ériger cette dernière comme le porte-étendard d'une idéologie.
Mais rien n'est moins évident.
Dear White People, c'est d'abord des personnages riches, aux tempéraments marqués et pétris de contradiction, aussi attachants que mal-aimables. Des étudiants noirs au sein d'une des grandes institutions de formation des élites américaines balancés entre l'envie de réussir dans ce monde blanc et celui de mettre un coup de pied dans cet ordre social qui les définit comme des cas particuliers. Face à un racisme tour à tour insidieux, frontal, accidentel ou criminel, chacun d'entre eux, avec son histoire et ses ambitions, se débat dans une palette infinie de positions à adopter vis-à-vis d'une communauté comme de l'extérieur.
Après avoir traité de sujets aujourd'hui encrés dans le débat comme le privilège blanc ou la non-mixité, la série s'est progressivement emparée de nouveaux sujets comme la discrimination positive et les attaques médiatiques des néo-réactionnaires façon Qanon.
Un sujet excessivement lourd donc, mais traité avec une vraie légèreté formelle, car c'est une vraie comédie qui met en scène des très jeunes adultes dans un dortoir, et ce qui va de potache et de lubrique avec. L'humour de la série se distingue aussi par des séquences de satire de l'Entertainment américain, parfois nébuleuses pour le public européen, à plus forte raison dans la difficile saison 3 dont l'intrigue semble tomber à plat dans un déluge parodique et référencé peu intéressant, et quelques intrigues qui finissent en voie de garage.
Cette dernière saison est quant à elle chargée de clore le destin de personnages en même temps que leur cursus universitaire. Elle traite en fait d'un sujet fort : le renoncement, la compromission, le deuil de l'idéalisme face à la réalité. En alternant entre un futur qui se moque à l'excès des crises sanitaires, et un présent où chacun des étudiants et face à un choix personnel difficile qui met en balance réussite individuelle et rigueur morale. Une façon assez amère de signifier à la pugnace militante Sam, au secret Lionel, au séducteur Troy, à la nouvelle bourgeoise Coco, à la juste Joelle et au révolté Reggie que, sorti de l'université, leur engagements continueront de leur couter plus qu'ils ne leur rapporteront.
Série confidentielle mais à l'impact fort sur la culture politique, à la fois incroyablement encrée dans son temps et capable de prendre une réelle distance avec cette dernière et ses contradictions, Dear White People est aussi une œuvre aux nombreuses facettes et degré de lecture qui se déguste et se redécouvre pour en saisir toute la densité. Essentielle.
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Créée
le 2 déc. 2021
Critique lue 200 fois
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