Born to Flee

Production Netflix à la réalisation de haute-volée (du moins en termes de qualité d’image, remarquable), Deserter Pursuit, mieux connu sous son acronyme D.P., raconte l’histoire d’une recrue au sein de l’armée sud-coréenne. Au « Pays du Matin Calme » le service militaire est obligatoire pour tous les hommes pendant une durée d’au moins deux ans. Notre bleu (joué par Jung Hae-in, roi de la romcom ici quelque peu éloigné de ses plates-bandes) va rapidement être recruté au sein d’une cellule de la police militaire chargée de retrouver les déserteurs.

On ne peut pas retirer à cette mini-série un certain sens du rythme. Hormis durant les enquêtes que mènent le héros et son acolyte débile (qui est accessoirement son supérieur hiérarchique), le suspense est plutôt bien construit et on a droit à plusieurs reprises à des scènes de poursuite nerveuses et inventives dans leur photographie.

C’est surtout au niveau du scénario que le bât blesse, puisque si les cas auxquels sont confrontés le duo de protagonistes offrent plusieurs perspectives sur l’acte grave qu’est la désertion et sur les raisons qui poussent des individus à y recourir, leur déroulement est bien souvent linéaire et sans aspérité. Les affaires se succèdent sans grande cohérence au regard de la psychologie du héros, tristement atone du début à la fin. La critique de l’institution militaire n’en est finalement pas une, la série faisant assez bêtement la confusion avec l’armée (ce qui n’est pas la même chose) dans une sorte de procès antimilitariste de bas-étage. Il y a globalement un manque de prise de risques dans la façon de traiter le sujet des brimades et des violences physiques couvertes par une hiérarchie complice ; ça reste – et ce jusqu’à la toute fin – très « lisse » et superficiel.

Le gros budget du drama lui permet de créer un univers réaliste. Mais le côté abracadabrantesque de certaines péripéties vient quelque peu saboter l’édifice, de même que les ruptures de ton, vraiment dispensables à certains moments.

D.P. se regarde au demeurant vite et bien du fait de son format réduit (6 épisodes de 50 minutes) et nous permet d’apprécier l’acting très convaincant de Jung Hae-in dans un registre qui diffère de sa « zone de confort ». À noter que la saison 2 est d’ores et déjà en cours d’écriture, pour une sortie prévue début 2022.