Devilman Crybaby
7.4
Devilman Crybaby

Anime (mangas) Netflix (2018)

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J'ai aimé :
- Chouette, un anime signé Masaaki Yuasa. Ah non, en fait on s'en fout, que ce soit Pierre, Paul ou Jacques, c'est l'œuvre qui fait le bonhomme et non l'inverse. D'ailleurs, Yuasa, je ne connais que de nom, je n'ai vu aucune de ses réalisations précédentes.
- La B.O est sympa.
- C'est violent, c'est gore et il y a du sexe. On ne va pas se mentir, les boyaux qui pendent et les tétons qui pointent, j'adhère, encore plus quand ça fait partie de l'ADN de l'œuvre et que ça en est une composante essentielle, ce qui est le cas ici, même si on n'échappe pas à quelques scènes gratuites (pourquoi ce gros plan sur les fesses de cette jeune fille avant le départ du 100 mètres ? et cette autre jeune fille, pourquoi nous la montrer se masturber dans sa chambre ou les seins à l'air dans le vestiaire ?)
- La volonté d'ancrer l'histoire dans un contexte plus contemporain via des références sociaux-culturelles (style vestimentaire, utilisation du rap comme moyen d'expression, etc) ou via des problématiques de notre époque comme par exemple l'influence que peuvent avoir les réseaux sociaux sur l'opinion publique, problématique bien évidemment absente du manga d'origine qui est vieux de plus de 40 ans.
- Le dernier tiers de l'anime est à mes yeux beaucoup plus réussi. Les enjeux scénaristiques gagnent en intérêt, les scènes censées marquer au fer rouge le héros Akira et avec lui le spectateur font enfin mouche et le scénario va jusqu'au bout de sa logique dramatique : noir, c'est noir.


J'ai moins aimé :
- C'est moche. D'aucuns disent que c'est le style du réalisateur, d'autres affirment que c'est un parti-pris esthétique pou mieux coller à l'univers du manga, proposer des graphismes minimalistes permettant de se concentrer davantage sur l'animation des chairs qui se transforment et se dilatent. Peu m'importe, je n'aime pas et mes yeux ont saigné du début à la fin. Va t'acheter des sourcils Ryo, et intente un procès au mecha designer responsable du rendu dégueulasse de ta voiture.
- Les combats. Ils sont souvent mal animés et mal mis en scène. D'ailleurs, la plupart se passent de nuit et on n'y voit pas grand chose, comme si l'obscurité était ici utilisée comme cache-misère. L'affrontement final est lui aussi une déception, je n'ai rien vu d'aussi illisible et bordélique depuis le final de Naruto Shipudden. On me dira que c'est encore un parti-pris, que c'est une lecture de l'apocalypse et du chaos. Je veux bien, mais il y a sans doute moyen de mettre en scène la fureur d'une fin du monde avec un rendu moins fouillis.
- Le scénario multiplie les facilités et les aberrations. Des exemples ? Les personnes possédées par des démons changent du jour au lendemain de comportement et d'apparence physique. C'est particulièrement flagrant pour Akira, qui en sus se met subitement à courir le 100 mètres aussi vite qu'un Ben Johnson sous stéroïdes mais avec un style à la limite de la bestialité. Croyez-vous que son entourage s'en formalise ? A peine. Un autre exemple ? Miki, que l'on peut considérer comme la sœur adoptive d'Akira, ne connaît pas Ryo et le voit pourtant débarquer et presque kidnapper Akira tout en tirant à la mitraillette sur des badauds ? Croyez-vous qu'elle s'en formalise et qu'elle en parle à ses parents ? A peine, tout le monde à dans son entourage un pote à la gâchette facile.
- Ok, c'est trash. Et ? Des animes de ce genre, j'en ai vu à la pelle et pourtant je suis loin d'être à la pointe de l'actualité. Ce qui était innovant et choquant en 1972 ne l'est plus forcément aujourd'hui. Entre-temps, il y a eu Ninja Scroll, Shirugui, Urotsukidoji ou encore Berserk, certaines de ces oeuvres étant d'ailleurs beaucoup plus extrêmes. Je ne crache pas dans une soupe que j'apprécie mais ce Devilman est quand même loin d'être novateur et a une saveur de déjà-vu.
- Je n'ai pas besoin qu'un anime soit riche et adulte pour l'apprécier, mais on m'a vendu ce Devilman comme tel et à l'arrivée, c'est la déception. La maturité d'une oeuvre ne se jaugeant pas à la quantité d'hémoglobine versée, Devilman essaye d'étoffer son propos en s'attaquant à de nombreux thèmes de société, mais hélas sans jamais les explorer en profondeur. Entre montrer une scène où Miki est sur le point de se faire molester du fait de son métissage et militer pour moins de xénophobie, il y a un fossé. Entre montrer deux hommes qui couchent ensemble et défendre la cause LGBT, il y a un gouffre. Ces scènes ont le mérite d'exister, elles appellent à plus de tolérance, mais elles ne font qu'effleurer des thèmes sous la forme de clins d'œil. Si je devais grossir le trait, c'est comme si je disais que Devilman est une oeuvre engagé contre la souffrance et la maltraitance animale parce qu'on y voit un chat se faire poignarder dans l'un des derniers épisodes. Ca me semble être un sacré raccourci. Reste la thématique centrale, qui s'adresse effectivement à un public mâture mais qui est loin de surprendre. Grosso modo, on nous parle de la déchéance du monde moderne, de la nature humaine, de l'ambivalence entre Homme et Démon. Rapidement, le spectateur comprend que les démons ne sont pas forcément ceux que l'on croit, les hommes dévoilant progressivement leur vrai visage. Derrière les remparts des plus beaux châteaux et derrière les portes des églises, sous le costume cravate et sous la soutane, se cachent des êtres cruels, asservis à leurs plus bas instincts, instincts qui remontent à la surface quand l'Homme doit jouer sa survie. Nous aurions peur de ce qui nous est inconnu, nous serions incapable d'empathie quand notre avenir est en jeu. Et là on dit wow, quelle claque ! Ou pas, parce que quand même, on nous l'a pas déjà dit mille fois tout ça ? On nous a pas déjà dit que notre société est pervertie jusqu'à l'os ? On nous a pas déjà dit que des non-humains pourraient avoir plus d'humanité que les humains eux-mêmes ? On nous a pas déjà dit qu'en cas d'apocalypse, ce sera l'enfer sur Terre et chacun pour sa gueule ?
- Comme je le disais dans les points positifs, j'ai trouvé le dernier tiers réussi, ce qui implique que les deux tiers précédents ne le sont pas. Honnêtement, j'ai failli lâcher l'affaire tellement ça m'ennuyait. Il ne s'y passe pas grand chose, des jeunes en perte de repères organisent des bacchanales modernes et des monstres se font littéralement déchirés en deux par Devilman. Il y a bien quelques petites histoires dans l'histoire (le photographe, la rivalité entre les deux Miki) mais c'est sans grand intérêt. Il y avait pourtant de quoi faire. J'aurais par exemple aimé que l'anime s'attarde plus sur la possession d'Akira par Amon. Pas grand chose n'est en effet montré sur la lutte intérieure que les deux entités semblent se livrer pour prendre le contrôle. Akira a souvent faim. Parfois, il a des pulsions sexuelles. Et ça s'arrête là. Dommage.


Conclusion :
Devilman crybaby a pour moi un air de déjà-vu, ce qui est logique puisque malgré une volonté de modernisation, cet anime reste l'adaptation d'un manga qui commence à dater. J'aurais pu ne pas m'en formaliser si j'avais pu y trouver autre chose à même de faire mon bonheur, mais je n'ai pas adhéré à la direction artistique tout comme je n'ai pas adhéré à certains choix scénaristiques. C'est donc pour moi un anime médiocre, sauvé du naufrage par une dernière partie réussie.

ashram974
5
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le 1 août 2020

Critique lue 916 fois

1 j'aime

ashram974

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