La promesse est alléchante : un jeune programmeur tente de rejoindre le projet le plus ambitieux d'une entreprise à la pointe du numérique. Sa copine, travaillant elle aussi chez Amaya (la dite société), accepte qu'il ne puisse jamais en parler. Jusqu'à ce qu'il disparaisse mystérieusement et qu'elle se lance sur ses traces. La technologie devs devient alors source de tous les fantasmes.
Malheureusement, hormis des effets spéciaux somptueux, rien ne tient la route dans cette histoire. Les personnages sont creux, dotés d'un comportement erratique, d'un charisme de chauve-souris et aucune ligne directrice ou motivation tangible. Le scénario tourne au ralenti et se contredit sans cesse dans un gloubi-boulga scientifique prétentieux.
Le matériau portait pourtant plusieurs sujets riches comme le libre arbitre, l'inclinaison d'un être par son contexte social, la culpabilité, la réparation, le pardon.
Gattaca, Oblivion, Minority Report, Orange Mécanique, La jetée, Looper, Under the Skin, nombreux sont les films de science fiction abordant les choix, l'étrangeté à soi-même, le destin et les façons de le déjouer.
À propos de la prédétermination, Les bonnes conditions – film documentaire suivant des enfants de familles aisées pendant de longues années allant de leurs études à leurs vies adulte – disséque les tenants de la reproduction sociale, et ses échappées vers la lumière (ou les répétitions familiales banales).
À vrai dire, après Annihilation, il est vraiment difficile de reconnaître ici Alex Garlant. Le mystère de ses films précédents, moite, dérangeant, s'étale et se dilue perdant toute saveur.
Une forme d'anti Lynch, qui, lui avec Twin Peaks ouvre les abîmes et donne le vertige sur la profondeur des êtres et de la peur. Insaisissable mais fascinant, incarné, habité.
Il n'y a pas 2h de matériau dans Devs. Et à peine de quoi en faire un mauvais film. Alors de là à dérouler une série sur 8 épisodes... ce n'est pas l'inssaissable de 2001, Mulholland ou Innsmouth qui leur confère de la profondeur, davantage le mélange subtil entre cauchemars d'enfants, visions, fantasmes. C'est le viscéral, pas l'abstrait, qui ancre un récit.