C'était en 2008 ou 2009, je ne sais plus. J'ai fait la connaissance de Dexter pour la toute première fois à un arrêt de bus. Comme bien souvent les écouteurs dans les oreilles et mes yeux qui tombent nez-à-nez avec une de ces affiches que l'on retrouve flanquée à un abribus. Je ne connaissais absolument pas cette série, entendu parler mais sans plus. Je croyais même à la base que c'était un film. Ça c'est mon côté "j'ai pas la télé". Bref, depuis j'ai tout vu.
On se croit toujours, ou très souvent différent des autres mais on est peu ou prou tous les mêmes. Happés que nous sommes par les produits de la consommation, de la publicité, du cinéma, de la mode (des modes) et tout le toutim qui fait une société. Nous sommes tous à des degrés différents des moutons. On bêle dans notre petite bulle de suffisance(s) mais on se doit de vivre en société. On se doit presque de s'y conformer, t'as qu'à voir.
Dexter (la série, pas le personnage) n'est qu'un produit de la consommation lui aussi. Il y en a eu avant, il y en aura après. C'est ainsi. Nul besoin de disserter sur son à-propos, son but assigné ou non. Si l'on devait se cantonner à une intellectualisation de la série, on pourrait en dire que c'est mal de tuer des gens. Bouh c'est pas bien. Oui dans le principe c'est vrai. Reste juste à savoir dans quelle(s) mesure(s) l'acte peut être jugé répréhensible.
Dexter (le personnage) est un expert en taches de sang; hématologue en terme technique il me semble. Il travaille pour le Metro Miami Homicide, et sa frangine Debra y est lieutenant. Et en marge (ou en parallèle, ça dépend des moments) il est tueur en série de personnes qui ne méritent pas de vivre, selon le code enseigné par son père adoptif Harry. En gros, il zigouille des pourritures et les donne en pâture à l'océan, le tout soigneusement emballées dans des sacs hermétiques. Voilà le topo.
Dexter est un mec discret, il parle peu, ne dévoile jamais ses sentiments, tout simplement et comme il le dit lui-même, il en est dépourvu. Il ne veut s'attacher à personne car sa besogne lui "interdit" de nouer des liens d'amitié ou d'amour avec quiconque pour justement éviter de causer du tort. Personnellement, je trouve ça honorable. Le problème c'est qu'il va tomber dans ce "travers" avec Rita, Lumen, (entre autres). Avoir deux jobs avec une famille c'est pas la meilleure solution.
Un type étrange ce Dex, hein ?!
Finalement tout se tient et tout est logique si l'on ne s'attarde pas à brasser du vent et faire la critique de choses qui n'ont pas besoin d'être débattues. Certes la série peut très vite être addictive pour peu que l'on ait des penchants justiciers nous aussi, mais elle est avant tout un plaidoyer de ce qu'une "justice officielle" ne peut être en mesure de régler à elle seule. Les lourdeurs administratives, les recours des accusés, les vices de procédure, de formes, etc, etc font que la loi officielle a des failles, de nombreuses failles.
L'Homme se croit très souvent (pour ne pas dire toujours) au-dessus des Lois de la Nature, au-dessus des autres, n'a de cesse de vouloir réglementer, légiférer, ordonner, classer, en d'autres termes vouloir avoir la mainmise sur tout, absolument tout. Ainsi, et dès lors, qu'un des siens se sent investit par la raison du Juste, celle d'un code, d'un code extrêmement rigoureux visant à "réparer" les erreurs et vices procéduraux, on le montre à l'index ?
Dexter n'est pas un tueur, il répare. Il le fait de façon extrême pour au moins deux raisons. La première tient au fait que l'élimination le grise, le fait exister également. C'est sa raison d'être, sa raison d'Etre. La deuxième - qui est étroitement liée à la 1ère - est celle du "dernier recours". Le récidivisme est un fléau chez les tueurs. Les enfermer ? Les condamner à mort par injection létale ? Ces peines sont-elles plus appropriées, plus "justes" que celles employées par Dexter lui-même ? D'aucuns diront que non tout simplement car il agit seul et hors des cadres définis par les lois écrites et bien pensantes. On en revient donc toujours au même problème; à savoir qu'est-ce qui est juste de faire ou non de manière domestique. Doit-on laisser faire faire, laisser courir ? Doit-on réparer les injustices seul ?
Et si vous étiez à la place d'un parent qui avait connu le meurtre d'un des siens, que feriez-vous ?