Une mine d'or sous les décombres
En fait, Dexter est une super série américaine et comme beaucoup de séries US on en est tout de suite fan, moi le premier, cette sensation est illusoire. Elle repose sur des leviers et des procédés cinématographiques usés par des années de battage commercial et de mauvais goûts. Je citerais ici les fameux "cliffhangers" -rebondissements de dernière minute- de fin d'épisode, qu’on a tendance à nous sortir à toutes les sauces et qui au final, brise le rythme de l'histoire.
L'histoire, justement, parlons-en: C’est le point fort de la série car l'idée de départ était extrêmement alléchante et fertile. Mais elle a été d'autant plus mal traitée qu'elle aurait pu donner vie à une œuvre excellente. En effet, "l'héroïsation d'un sérial killer" comme le dis Momodjah, est bien la graine nourricière de l'édifice. Mais comme souvent dans ce genre de série, la semence aussi géniale soit-elle ne donne pas grand chose si on ne la cultive pas. Et c'est exactement ce qui s'est passé avec Dexter. Les scénaristes se sont contentés de cette ébauche pour écrire par dessus un scénario décidément banal. La plupart du temps on reste en surface des choses sans jamais creuser plus en profondeur. Alors, effectivement la série peut nous amener à soulever quelques questions plus ou moins philosophico-moralistes, mais je crois que ce qui me dérange le plus ici ce sont les semblants de réponses apportés.
Commençons par le personnage principal : Dexter, Dex’ pour les intimes incarne à lui tout seul la série entière ("Je suis vide à l'intérieur...") Cependant, il faut reconnaitre que le personnage en lui-même était plutôt intéressant. Un hybride entre l’Etranger de Camus et Hannibal Lecter à la fois génial et incroyablement détaché du monde dans lequel il vit. Mais cet anti-héro n'est simplement pas humain. Il est un épouvantail, un humanoïde tout au plus, qu'on agite sous notre nez pour nous conforter dans l'idée qu'il existe sur terre une certaine catégorie de personne qui portent en elles "le mal absolu". Que ces brebis égarées doivent être canalisées ou éliminées sans autre forme de procès. Et malgré les efforts qui seront faits au cours des saisons suivantes pour faire de Dexter un être un peu plus humain, la série reste dans ces carcans manichéens.
Ce choix est à mon goût mal approprié car la série propose alors une vision du "crime" extrêmement réductrice. On ne s'intéresse jamais au mobile des meurtres; aux raisons qui peuvent pousser un être humain à tuer d’autres êtres humains. Il n’y a jamais de motivations derrière ces actes. Ce sont principalement des crimes commis "pour rétablir l'ordre" ou bien des abominations commises par des fous.
Mais les créateurs font encore pire lorsqu’ils essayent de remonter aux origines de cette démence en s'aventurant sur des pistes pseudo-psychologiques basées sur des lieu-communs et des idées reçus. Lorsque nous nous attaquons aux origines du mal on tombe très vite dans de la psychanalyse de comptoirs qui n’a ni queue ni tête. Je prends par exemple, le traumatisme qu’à connu Dex’ dans son enfance et qui l’a conduit à devenir un tueur sanguinaire.
Cette explication ôte tout intérêt au personnage qui nous fascinait par son « dés-humanisme ».
Pour conclure sur une note positive, j’accorderais une mention spéciale pour le générique merveilleusement réalisé et la B.O qui nous plongent dans l’ambiance dès les premières minutes.