Dexter nous revient, et de la meilleure des manières, avec les origines du passager noir, loin du raté de Dexter : New Blood qui s'égarait dans sa quête de rédemption inachevée.
Comprendre alors comment ce petit Dexter a vu un jour sa vie se déchirer en morceaux. Les yeux ensanglantés par la vision du pauvre corps de sa mère, noyé dans un silence de fer et de sang, gisant au milieu des cicatrices de l'horreur. Abandonné à jamais dans ce conteneur, un petit garçon qui restera figé sans un mot, arraché à son frère par ce rouge dégoulinant, comme le dessin d'un destin qui les unira à jamais, et qui donnera naissance à un monstre.
Après ce cauchemar, Harry (Christian Slater) incarnera le reflet brisé d'un père qui tend la main à cet enfant, coupable de ne pas avoir su le protéger, lui, sa mère, Laura Moser (Brittany Allen), ainsi que son frère, Brian (Christian Camargo).
Débute ainsi une série qui fonctionne assez bien, avec le jeune Dexter Morgan qui grandit à présent, interprété de façon remarquable par Patrick Gibson, qui réussit à nous plonger dans l'essence du personnage, sous l'œil avisé de Harry, qui cherche à trouver cet équilibre fragile entre l'instinct meurtrier et le désir d'un bien illusoire.
Du générique d'ouverture au rythme salsa du soleil de Miami des années 90, sans oublier cette voix intérieure, reconnaissable et monotone que rien n'affecte, et ces différents flash-back sur les origines du mal. Tout y est.
On retrouve bien cette mélodie familière, entre Deb (Molly Brown), sa sœur au grand cœur, toujours aussi grossière, et ces enquêtes de police, avec tous ces personnages secondaires, également très bons.
Dans Dexter : Original Sin, tout prend sens. Ce n'est pas une rupture, mais une continuité organique. Là où Dexter : New Blood imposait une transmission maladroite entre père et fils, Original Sin explore avec intelligence la naissance d'un monstre pas comme les autres. Maladroit, parfois comique, dans une époque où chaque leçon forge un futur implacable.
Le prequel redonne aux origines de Dexter une couleur plus intense. Comme autant de fragments d'un passé sur les murs de sa mémoire, qu'il ne comprend pas encore. Dexter Morgan, jeune étudiant en médecine, au sourire inquiétant, que rien n'affecte, ni le baiser d'une petite amie, ni l'étreinte reconnaissable de sa sœur Deb. Juste cette envie de tuer, qu'il ne sait définir.
Cette série n'est pas seulement l'histoire et son code étrange d'un tueur en herbe, vengeur du bien contre le mal, mais aussi l'amour d'un père de substitution, plein de tendresse et d'inquiétude pour un fils au regard innocent, qu'il cherche à protéger. Donner une raison à sa propre nature, afin de ne pas se faire dévorer par ce monstre qui l'accompagne en permanence. Entre contrôle et rituel méthodique, dans chacune de ses exécutions, poursuivant une forme de justice au sein de sa propre monstruosité.
Dexter Morgan a trouvé ce lieu idéal, aux côtés de Harry, pour affûter sa lame. Cette soif qui le condamne à être différent, sans jamais quitter sa place parmi les hommes.
Harry lui apprend à justifier sa traque dans l'illusion d'une humanité. Vivre parmi ces tueurs, qu'il reconnaît dans la foule, à l'image de son frère qui n'attend que son retour.