Fin du IIIe Reich et prémisses de la Guerre froide !

Berlin, février 1945. Hitler n'est plus qu'un pantin fou vociférant ayant perdu tout sens des réalités. Ce qui est moins le cas des autres très hauts gradés du régime, en particulier Himmler et Bormann, qui sont pleinement conscients de la fin prochaine du IIIe Reich. C'est pour cela que les services secrets soviétiques chargent un de leurs agents, le colonel Maxim Isaev, officiellement Max Otto von Stierlitz, discret et rigoureux officier SS du service de renseignements, d'en savoir plus sur des rumeurs de négociations de paix séparées en Suisse menées par un haut responsable du régime nazi avec les Américains et, si ces rumeurs se révélaient fondées, de les empêcher d'aboutir à tout prix (les prémisses de la Guerre Froide !). Comme si la tâche n'était pas suffisamment ardue, von Stierlitz, ou plutôt Maxim Isaev, devra aussi, dans le même temps, mettre à l'abri la veuve de son assistant radio et son bébé ainsi que faire face à des soupçons sur lui, émanant de son redoutable supérieur, le Gruppenführer Heinrich Müller...


Sérié télévisée russe, datant de l'époque Brejnev, de 12 épisodes d'environ 70 minutes chacun, très populaire dans son pays, Dix-sept Moments du printemps est un thriller feutré qui privilégie la confrontation psychologique entre quatre murs à l'action. La réalisatrice Tatiana Lioznova prend bien le temps de poser le contexte et de bien approfondir ses personnages (aussi bien nazis que soviétiques ou autres !), donnant quelques belles scènes d'une grande finesse à l'instar de la séquence de l'enterrement d'un médecin renommé, pendant lequel Kaltenbrunner ne peut s'empêcher de reproduire exactement les mêmes gestes qu'Hitler avait eu lors d'autres funérailles, trahissant ainsi aux yeux du protagoniste son désir de devenir Führer à la place du Führer...


Lioznova pose donc les bases lors des six premiers épisodes réussissant ainsi peu à peu à nous immerger subtilement dans cette atmosphère feutrée qui va trouver sa raison d'être dans les six derniers qui vont particulièrement être tendus. En conséquence, par exemple la scène de torture psychologique où un officier SS menace une mère de laisser mourir son bébé si elle ne parle pas, ou encore celle du suicide par cyanure, filmées en temps réel, sont anxiogènes et il y a une séquence de fouille dans une cave en ruines qui est, quant à elle, d'un suspense qui n'a rien à envier au meilleur Hitchcock.


On reprochera juste à cette série quelques erreurs historiques un peu grossières, à l'instar de la présentation du passé d'Heinrich HimmlerJulius Streicher est présenté comme étant Robert Ley, du fait qu'il est dit que les accusés au procès de Nuremberg ont été tous condamnés à mort, ou encore quand le protagoniste et le personnage du pasteur écoutent Non, je ne regrette rien et Milord (bel hommage à la "Môme" tout de même !) alors que ce sont des chansons datant des années 50 ; mais ce ne sont que des détails...


Surtout que la grande qualité de la réalisation, bénéficiant d'un beau noir et blanc, et du scénario qui font que la sobriété, l'émotion et l'intensité sont au rendez-vous, l'interprétation des acteurs parfaite, mentions particulières à Vyatcheslav Tikhonov (l'André Bolkonski du spectaculaire Guerre et Paix de Bondartchouk !) et à Leonid Bronevoï, qui joue très bien de sa bonhomie pour rendre son Heinrich Müller inquiétant, deux thèmes musicaux (celui de début et celui de la toute fin !), d'une magnifique mélancolie typiquement russe et un final habilement mis en scène emportent hautement le morceau, en en faisant en conséquence une excellente série.

Plume231
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 19 août 2014

Critique lue 1.5K fois

11 j'aime

11 commentaires

Plume231

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

11
11

D'autres avis sur Dix-sept Moments du printemps

Du même critique

Babylon
Plume231
8

Chantons sous la pisse !

L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...

le 18 janv. 2023

309 j'aime

22

Oppenheimer
Plume231
3

Un melon de la taille d'un champignon !

Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...

le 20 juil. 2023

217 j'aime

29

Le Comte de Monte-Cristo
Plume231
3

Le Comte n'est pas bon !

Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...

le 1 juil. 2024

196 j'aime

42