Bon autant être franc de suite : critiquer objectivement la série 1963-1989 de Doctor Who est impossible. Forcément, sur 26 saisons les inégalités sont extrêmement fortes, et les variations de budgets rendent un peu difficile la juste évaluation de ce qu'étaient -pour leur époque- les effets spéciaux. Cependant la série a toujours été la même sur un point (le plus important selon moi) : elle vend du rêve, et le fait encore aujourd'hui depuis la reprise de 2005.
Je rappelle le principe de Doctor Who pour ceux qui dorment au fond : le Docteur est un alien qui voyage dans le temps et l'espace grâce à son TARDIS, vaisseau qui a l'apparence d'une boîte de police bleue à cause d'une défaillance de son système de camouflage. Souvent accompagnés de quelques voyageurs appelés pour l'occasion compagnons, il traverse tout l'univers et toutes les époques et défend les mondes contre les menaces extérieures. Quand il est sur le point de mourir, le Docteur peut tromper la mort en se régénérant, et ainsi prendre un nouveau corps et une nouvelle personnalité. Ainsi, entre 1963 et 1989, 7 acteurs ont partagé le rôle (ils sont 12 aujourd'hui). Vous imaginez donc toutes les libertés qu'autorise un plot pareil !
La série classique de Doctor Who n'est pas forcément très accueillante pour le néophyte, ça c'est vrai. Mais son charme désuet en fait un must-have pour tout admirateur de kitch et de monstres en carton plâtre. Il est assez génial de voir les acteurs absolument convaincus de faire face à la plus terrible menace du monde alors que la menace en question est un acteur serré dans un costume en latex si encombrant qu'il ne peut même pas bouger sans l'aide d'un technicien plus ou moins bien dissimulé. Quoique la série avait tout d'abord une vocation plutôt pédagogique (pour la période Hartnell en tous cas, de 1963 à 1966), elle a vite fait évoluer son concept pour proposer des scénarii assez fous pour l'époque, et a proposé quelques versions du Docteur plus matures et sombres (notamment les 6ème et 7ème, de 1984 à 1989).
De grands noms ont collaboré à la série : Douglas Adams, par exemple, a participé à la scénarisation de City of Death, l'épisode le plus regardé de la série, avec presque 15 millions de téléspectateurs devant leur poste. Dans ce même épisode John Cleese, membre des Monthy Pythons, fait une apparition courte mais très remarquée. Les Beatles font aussi apparition (bien qu'indirectement) dans un épisode un peu plus ancien. Je ne pourrais tous les citer, la liste serait trop longue, mais je pense que vous aurez compris l'impact de la série et l'importance de cette dernière.
De façon générale, Doctor Who est une fenêtre ouverte sur la culture et l'histoire du Royaume-Uni. Les épisodes ont beau parler d'époques lointaines et de galaxies inexplorées, ils restent profondément ancrés dans leur période de conception. Il est très difficile de comprendre l'importance et le poids culturel de cette série dans le cœur des britanniques, car il n'existe pas d'équivalent dans le reste du monde. Il n'est pas rare, d'entendre au parlement britannique, les députés se traiter de « Daleks » (les ennemis jurés du Docteur). Tony Blair, décrivant Downing Street à des enfants, disait de cette demeure qu'elle était « plus grande à l'intérieure », une des phrases cultes utilisées dans Doctor Who pour décrire l'intérieur du TARDIS. La dernière fois que les britanniques ont voté pour créer une série de timbres emblématiques de leur pays, les Daleks ont été élus et ont côtoyé la reine, les Beatles, ou encore Freddie Mercury. Tout cela pour dire que Doctor Who, au delà d'être une série, est véritablement une légende, un élément du quotidien pour un grand nombre de générations de britannique. Et même si la série classique a vieilli et est peut-être difficilement regardable désormais pour qui n'est pas passionné, elle mérite tout de même notre respect...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.