Easy est une oeuvre difficile à classer tant elle surprend par la flagrante différence de qualité de ses huit épisodes, à qui j'ai attribué des notes allant de 4 à 8. Difficile à classer, donc difficile à évaluer, ce qui est lié, sans surprise, à sa conception de série chorale qui nous dévoile une tranche de vie d'une multitude de personnages aussi importants les uns que les autres et habitant tous la ville de Chicago. Pas spécialement fan du genre, je me suis quand même lancée dans la série et je ne regrette pas, mais je n'en sors pas non plus émerveillée.
Ce qui surprend au premier visionnage, c'est la crédibilité de chaque histoire, de chaque couple et de chaque personnage. Alors que certains films ne parviennent pas à développer un personnage en deux heures, Easy convainc relativement facilement de la profondeur de ses personnages : il y a des hésitations, des répliques de la vie de tous les jours, des comportements qui siéent bien à des messieurs et mesdames tout-le-monde... et le tout en seulement 25 minutes. Je ne dis pas qu'ils sont tous développés de la même manière (là aussi il y a inégalité) mais ils ont pour la très grande majorité, en dépit d'un court temps d'apparition, une profondeur qui font d'eux de véritables personnages à part entière. La série bénéficie bien évidemment d'un bon casting et d'une variété de scénarios qui se révèlent plus ou moins intéressants : un couple à la recherche de son intimité perdue, une jeune femme s'enferme dans le mensonge pour plaire à sa petite-amie, deux frères radicalement différents au niveau du caractère ou du mode de vie décident de monter un projet commun, etc. La série explore les rapports humains, et se concentre davantage sur l'amour sous différente forme. Ainsi, les couples présentés n'ont pas grand chose à voir les uns avec les autres, certains se ressoudent, d'autres se séparent. En d'autres termes, la variété scénaristique de Easy apporte un aspect très rafraîchissant à l'ensemble de l'oeuvre, même si je saisis totalement pourquoi elle peut rebuter certains spectateurs.
Ce qui manque cruellement à cette série, c'est vraiment le concept de "destins croisés" qui est d'ordinaire au centre des films choraux. Certes, tous les personnages vivent à Chicago. Certes, il leur arrive de se croiser : Chase (épisode 2) s'avère être la baby-sitter des enfants de Kyle et Andi (épisode 1), Kyle s'avère lui-même être l'auteur d'une pièce dans laquelle jouent Annabelle et Sophie (épisode 7), Annabelle est également une amie proche de Jacob (épisode 5) tandis que Sophie est la voisine de la petite-amie de Chase, Jo (épisode 2), etc. Bien sûr, dit comme ça, on a l'impression que le concept est respecté, et pourtant... certains personnages sont complètement isolés du reste du casting, c'est le cas des héros des épisodes 3, 4, 6 et 8. Il y a donc une moitié de la série qui s'intéresse à des histoires indépendantes alors que l'autre moitié s'intéresse à ces fameux destins croisés (la plupart d'entre eux se font dans l'épisode 7 qui est véritable concentré de caméos des personnages des précédents épisodes).
Maintenant, niveau qualité, c'est très hétérogène. Sur huit épisodes, quatre obtiennent une note supérieure à 5, trois obtiennent la moyenne et un repart avec un 4. Les histoires sont-elles moins intéressantes ? Pas forcément, mais la façon de les aborder l'est. La dynamique des personnages de l'épisode 4, par exemple, manque de pertinence et à cela s'ajoute une ambiguïté malsaine - qui n'est clairement pas voulue - en ce qui concerne l'une des dernières scènes de l'épisode. En comparaison, d'autres couples comme Kyle et Andi (épisode 1) ou Chase et Jo (épisode 2) ou encore Tom et Lucy (épisode 6), s'ils sont totalement différents, paraissent plus vrais sans doute parce que leurs motivations elles-mêmes sont plus claires.
En bref : trois épisodes que je trouve très bons (7 et 8/10), quatre qui me paraissent très moyens (5 et 6/10) et un que j'aurais tôt fait d'oublier (4/10). Ce qui nous fait donc bien une moyenne de 6/10 - le compte est bon - et qui vaut au moins une petite recommandation pour les amateurs de genre. Sinon, ce qu'il y a de bien avec les séries chorales, c'est que vous n'êtes pas obligés de regarder tous les épisodes pour comprendre ce qu'il s'y passe. C'est cadeau, je vous laisse avec mes épisodes préférés : les 1, 2 et 6.