Back in the 80's
Si cette série à récolté nombre d'éloges en son temps, elle a tout de même bien vieillie aujourd'hui. Pour du thriller le rythme est un peu trop lent. L'histoire commence de façon très intéressante...
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le 25 mars 2011
Quelques années avant la sortie de GoldenEye qui signa le point de départ d’une carrière cinématographique remarquée, Martin Campbell fit ses armes sur le petit écran, avec notamment Edge of Darkness, eco-thriller en six épisodes sorti au crépuscule de l’année 1985 dont il réalisera d’ailleurs un remake hollywoodien avec Mel Gibson vingt-cinq ans plus tard. Succès critique indiscutable en son temps, lauréat de nombreux BAFTA, la mini-série est aujourd’hui considérée comme l’un des meilleurs programmes télévisuels de l’histoire de la BBC, ce qui n’est pas peu dire.
La télé britannique a toujours traité avec un soin tout particulier ses fictions maison. Edge of Darkness, au-delà de son thème musical très eighties, c’est une mise en scène précise, une production de l’envergure d’un long-métrage et l’ambition d’évoquer des sujets brûlants de l’époque. Pour faire court, la création de Troy Kennedy Martin a passé l’épreuve du temps, et mériterait même l’attention des cinéphiles les plus réactionnaires. Elle est le témoin même de cette vague de séries paranoïaques mesurées, avec entre autres Tinker Tailor Soldier Spy, qui plus que de simplement construire une tension pesante continue, dressent le portrait d’une société qui ne se fait pas confiance.
Edge of Darkness s’inscrit parfaitement dans l’après-perestroïka, au moment de l’apaisement des tensions héritées des heures les plus sombres de la Guerre Froide laissa place à la crainte d’une menace intérieure, entre le terrorisme, la remise en question de l’énergie nucléaire, d’une part, mais aussi d’une manière plus globale des liens étroits entre les entités gouvernementales et les monstres économiques. En soi, Edge of Darkness étant une série britannique, elle est un témoin de l’ère Thatcher. La célèbre Premier ministre en devient presque un personnage à part entière, tant l’ombre de sa gouvernance autoritaire plane à chaque seconde sur l’ambiance de l’œuvre.
Si le scénario perd quelque peu en puissance lors des derniers épisodes, Edge of Darkness demeure une démonstration fascinante d’écriture. Complexe sans être incompréhensible, linéaire sans être facile, sachant ménager ses effets, préférant la logique aux désirs de l’audience. Il y a aussi l’intelligence de savoir à merveille utiliser le format-piège de la mini-série : un seul personnage, deux thématiques (le deuil et l’écologie), le tout sous l’égide d’une seule intrigue. Derrière le brûlot politique pertinent se cache effectivement une quête intime désespérée, portée par un Bob Peck au climax qualitatif de sa carrière.
Si l’on omet sa bande-originale vieillotte et un ou deux effets spéciaux un peu kitschs, Edge of Darkness mérite toute l’attention que l’on est en mesure de lui porter. Modèle d’écriture télévisuelle pas loin d’être en avance sur son temps, observateur engagé des problèmes évidents de ses contemporains, mais surtout possesseur d’une réalisation raffinée, distillant une ambiance obscure et possesseur d’une photographie très réussie. State of Play dans les années 80 avec une pincée de The Hour. Un indispensable.
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Créée
le 20 août 2015
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4 j'aime
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