Malgré sa date de sortie déjà lointaine - le premier épisode sorti le 25 juillet 2004 - Elfen Lied a toujours une renommée impressionnante, et reste conseillée par la plupart de ses spectateurs. Tout le monde souhaite connaître l'histoire de Lucy, la magnifique jeune fille cornue aux longs cheveux roses qui s'échappe d'un laboratoire et semble depuis avoir perdu la mémoire.
En ce qui concerne l'image est l'animation, elle n'ont pas tant vieilli que l'on pourrait si attendre. Le dessin est finalement assez simpliste, exempt de détails tant sur les personnages que les vêtements ou décors ; parfois, on peut tout de même noter des animations un peu hachées, en particulier dans les moments où Nyu se déplace. Les décors sont peu nombreux, les personnages étant souvent chez eux, sur la plage ou en ville, aux alentours du pont. Pour un anime aux éléments fantastiques, c'est un peu regrettable...
L'histoire promet beaucoup, on s'attend à du drame, de l'action, de la fantasy ou de la science-fiction, mais on en reste finalement à un étonnant enchaînement de "petites histoires" qui se répètent… Lucy se fait accepter dans la maison, puis une autre jeune fille, et encore une autre, passant à chaque fois de parfaite inconnue dont on se méfie à gentille mais étrange fille sans beaucoup d'explications ou même de logique.
Les scènes d'action se font également assez rare, peu de combats se déroulent, et cela me semble regrettable, au vue des capacités incroyables des diclonius. L'intrigue principale est distillée sur la totalité de l'anime, et l'on ne saisit réellement les tenants et les aboutissants qu'à la fin de celui-ci ; les "flashback" deviennent en fait les moments les plus intéressants, et on a tendance à se lasser des soucis domestiques des personnages... Alors que le début était oppressant, très actif et bourré de suspense, on a droit à une fin tirée par les cheveux, incohérente avec le reste de l'histoire et qui laisse inaboutis des conflits pourtant poignants entre certains personnages.
Là où l'anime marque des points, c'est principalement au niveau de la surprise et de l'émotion. Tout d'abord, on rit beaucoup devant une Nyu naïve et face à certaines scènes de ecchi, qui donnent à une histoire sordide un coup d'éclat très appréciable. On passe du rire aux larmes grâce aux flashback et on se rince les yeux devant les massacres et les amputations qu'on ne compte plus ! Le côté inhumain mais à la fois tellement compréhensible et triste des scientifiques amènent à se questionner et peuvent donner à la fois empathie et dégoût profond au spectateur. Le tout est évidemment couronné par la bande son magnifique de Lilium, dont le thème varie et prend différentes formes afin de nous émouvoir, de nous tirer quelques larmes, un rire, et parfois même une certaine pression.
Les personnages sont relativement creusés, du moins les principaux, et ont chacun une histoire personnelle que l'on a plaisir à découvrir. L'originalité de celles-ci, qui ne tombent pas dans des clichés simplistes d'histoires d'enfants sans fond ou de malheurs banals et inintéressants, apportent réellement quelque chose de spécial à cette oeuvre. Je me suis même surprise à mépriser l'égoïsme de certains personnages pourtant aimants et sympathiques alors que j'appréciais la complexité du rôle et le courage d'une des scientifiques qui n'hésite pas à se compromettre pour ce en quoi elle croit.
La question de la famille est étrangement souvent posée ici, car on ne voit de nombreuses et de très diverses. La famille biologique est parfois un désastre, un univers de mépris et d'abandon, parfois la seule raison de survivre aux malheurs de la vie, parfois un malheur en soi. De nombreuses adoptions, substituts des enfants que les personnages n'auront jamais ou ont perdu, témoignent de l'amour qui peut tout de même en découler très naturellement et aussi grandement que dans une famille biologique. La famille est ici un choix, et cette vision moderne est réellement appréciable.
Elfen Lied est donc un anime très appréciable qui se regarde rapidement et sans trop d'efforts, et qui nous malmène physiquement. Si l'on parvient à oublier les répétitions et à s'intéresser aux personnages clés et à l'ambiance dégagée, c'est un véritable plaisir et un moment à vivre.