En thérapie nous propose en format finalement inhabituel de nos jours : 35 épisodes c'est long. Pourtant ce ne sont que 7 épisodes par arc narratif ce qui est un peu court. Nous suivons donc 5 histoires, ou plutôt 6 histoires si nous comptons Dayan, qui évoluent de manière différentes parfois inégales parfois un peu plus floues. je trouve que l'adaptation d'une série à l'origine israélienne au contexte français des attentats fonctionne bien. La série est cohérente dans son ensemble et arrive à la fois à utiliser intelligemment son contexte sans non plus en être prisonnière.
Si je trouve que globalement les acteurs sont tous très bons c'est parfois un petit peu inégal, la caméra est parfois un peu trop appuyée sur eux on peut verser par moment presque dans une forme de voyeurisme un peu exagéré. J'ai été moins convaincue par exemple par la prestation trop clinique et retenue de Djemel Barek qui joue le père d’Adel, ou à l'inverse l'excès très cliché de Pascal Demolon qui joue lui le père de Camille.
Un certain nombre d'épisodes sont particulièrement touchants, j'ai versé ma petite larme. J'ai le sentiment que le travail analytique plutôt bien représenté à l'écran dans ses forces comme dans ses limites. L'intérêt de la série vient dans la construction des personnages qui sont très riches ici aussi avec des forces, des faiblesses, des vulnérabilités. Il y a surtout une vraie diversité, aucun protagoniste n’est interchangeable, et chacun fait également avancer leur thérapeute dans son propre cheminement. La série arrive à nous faire développer de l’empathie pour le thérapeute comme pour ses patients, les rouages de la psychanalyse sont plutôt bien expliqués sans être dans la démonstration. En thérapie n'est pas non plus complaisante elle ne donne pas elle ne nous donne pas forcément ce qu'on voudrait et ne choisit pas la facilité. En tout cas c’est une belle réussite pleine de sensibilité, dure par moments, et qui prend le temps, ce qui est devenu rare aujourd’hui.
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Les scénaristes ont dissipé mes doutes de manière intelligente en créant une ellipse de quatre ans entre les deux saisons, ce qui d'une part nous évite la sensation d'une suite directe, mais surtout permet à la série le réitérer l’intense postulat de départ de la première saison : un démarrage après un événement qui a affecté toute une population, cette fois le confinement de 2020, catalyseur de problèmes sous-jacents ou simple point de bascule de vie.
Si la série suit toujours le même schéma narratif, avec toujours cette petite révélation vers la fin de l'épisode soulignée par quelques notes de piano pudique, les nouveaux personnages et leurs nouvelles situations font toujours mouche. Purement subjectif, j'ai préféré le personnage de Charlotte Gainsbourg à celui de Carole Bouquet, dont elle prend en quelque sorte la suite. J'ai en revanche trouvé sur cette deuxième saison quelques petites longueurs. Mais globalement cette deuxième saison ne démérite pas et conserve les mêmes forces que la première.