Quand la romance lycéenne se prend pour un divan de psy (et que les masques tombent en classe)

Entre elle & lui : Kareshi Kanojo no Jijyo, diffusé en 1998 sur TV Tokyo, est une série qui prend la romance lycéenne et la retourne comme une chaussette, en explorant ce qui se cache derrière les apparences de ses personnages. Ici, on suit Yukino Miyazawa et Soichiro Arima, deux lycéens qui semblent parfaits en surface : elle est la brillante élève modèle, il est le garçon populaire et gentleman. Mais attention, derrière les sourires et les bonnes manières se cache un sacré jeu de masques.


Yukino, sous ses airs de première de classe, est en réalité obsédée par l'image qu'elle projette. Elle a une double personnalité et se transforme dès qu'elle passe la porte de chez elle, révélant une adolescente bien moins parfaite, qui aime traîner en survêtement et s'énerver contre ses propres mensonges. Soichiro, quant à lui, cache des blessures émotionnelles sous sa façade de gentil garçon. Dès leur rencontre, un jeu de miroir s'installe entre eux : chacun voit chez l'autre l’hypocrisie qu’il tente de dissimuler. C'est un peu comme si la série nous offrait une thérapie de groupe version lycée, où chaque personnage tente de naviguer entre ce qu’il montre au monde et ce qu’il est réellement.


La série commence sur un ton très léger, enchaînant les situations comiques et les gags visuels exagérés pour illustrer les pensées farfelues de Yukino. Le contraste entre ses attitudes publiques et privées crée un humour slapstick efficace, et les interactions entre Yukino et Soichiro sont bourrées de maladresses et de tensions, ce qui rend leur dynamique rafraîchissante. Mais au fil des épisodes, la comédie romantique se mue en introspection plus profonde, et Entre elle & lui se plonge dans les failles de ses personnages. Les traumatismes d'enfance, les attentes familiales et les pressions sociales commencent à s'inviter dans l'intrigue, ajoutant une gravité surprenante à ce qui semblait être une simple romance scolaire.


L’animation de Kareshi Kanojo no Jijyo est aussi un élément notable : la série mélange des styles visuels variés, avec des coupures abruptes entre dessins simplifiés, effets comiques, et séquences presque expérimentales. Ce choix donne à l’anime un charme un peu décalé, même si cela peut perturber ceux qui cherchent une esthétique uniforme. L’animation reflète souvent l’état émotionnel des personnages : des dessins presque "gribouillés" pour illustrer les colères et les angoisses, des flashs colorés pour les moments de panique ou de révélations. Le rendu est à la fois unique et chaotique, capturant parfaitement le tumulte intérieur des protagonistes.


Cependant, la série peut souffrir d’un certain déséquilibre dans son ton. Entre la légèreté des premiers épisodes et la gravité qui s’installe ensuite, Entre elle & lui donne parfois l’impression de ne pas savoir si elle veut être une comédie romantique classique ou un drame psychologique. Cette transition peut laisser les spectateurs perplexes, car on passe des gags visuels délirants aux révélations profondes en un claquement de doigts. La relation entre Yukino et Soichiro, bien qu'intéressante, tombe aussi dans une sorte de routine introspective, où chaque nouvel obstacle émotionnel est disséqué jusqu’à saturation.


En fin de compte, Entre elle & lui est un ovni dans le monde des romances lycéennes, à la fois drôle, émouvant, et un peu chaotique. Elle explore les complexités de l’adolescence et les pressions d’être "parfait" avec une sincérité touchante, même si elle se perd parfois dans ses élans philosophiques. Pour ceux qui aiment les séries qui ne se contentent pas de la surface et qui sont prêts à accepter un certain chaos visuel, Entre elle & lui est un voyage rafraîchissant dans la psyché des ados perfectionnistes. Mais pour ceux qui préfèrent des romances plus simples, cette plongée dans le monde des masques pourrait bien leur donner le vertige.

CinephageAiguise
7

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