Erased, c'est l'inverse d'un Shonen. Vous verrez sûrement de multiples héros se battre pour devenir plus forts qu'ils ne l'ont été, mais vous ne verrez pas souvent de héros se battre pour être plus forts qu'ils ne le seront. C'est pour moi ce qui fait le charme de cet animé mais qui le dessert dans le même temps. Recommencer jusqu'à y arriver est un concept que j'apprécie, dans l'idée que l'erreur, après avoir été comprise, permet à un individu de progresser. Cependant dans Erased l'erreur ne subsiste pas, elle est bien Erased (supprimée). Dans ce concept réside une forme de beauté et de naïvité qui mêlées me plaisent et m'irritent à la fois.
Je vais dans un premier temps évoquer les points positifs de cet animé, avant d'apporter quelques remarques concernant ce qui m'a dérangé.
Pour commencer, je dirai que la force d'Erased réside dans un suspens très bien entretenu tout au long de la série. Nous sommes au coeur d'une affaire de kidnappings et de meurtres particulièrement bien orchestrés, que le MC Satoru va tenter de résoudre tant bien que mal grâce à une capacité qu'il ne maîtrise pas: un rewind dans un passé qu'il ne choisit pas. Le retour dans le passé est un choix risqué, qui cependant a été ici relativement bien exploité: pas trop d'incohérences et pas d'abus. Le rythme est soutenu sur 12 épisodes qui s'enchaînent bien, permettant à un scénario correctement ficelé de s'exprimer pleinement. Tout ça mis en mouvement à travers une animation qui colle très bien à l'ambiance pesante, pour faire vivre au spectateur une expérience émotionnelle pertinente.
Cependant, j'ai mis 7 et non 8 pour quelques raisons: les voici. Le thème de la confiance est un thème récurrent dans cet animé, ce qui n'est pas un problème en soi. Le problème vient du sentiment que j'ai, que l'auteur a voulu faire passer un message personnel sur un sujet qui lui tenait à coeur quand l'occasion s'est présentée, empêchant souvent le propos de trouver une réelle portée. Je pense notamment à l'histoire du père d'Airi et à la phrase qu'elle dit ensuite. Souvenir qui reviendra à Satoru bien trop souvent à mon goût par la suite, car fort peu percutant. D'une manière générale, l'approche choisie concernant les valeurs de confiance, d'amitié ou encore d'héroisme me paraît superficielle, peut-être à cause du format 12 épisodes ne permettant pas l'extrapolation. Mais ce n'est pas tout.
Je n'aime pas particulièrement le réalisme, et c'est pour cette raison que j'adore l'animation. Cependant, pour que le décalage soit pertinent, il faut de la mesure. Et je n'ai pas trouvé de mesure quand j'ai réalisé que le comportement de ces enfants de 10 ans ne m'aurait pas dérangé chez des lycées moyens. Ç'a été trop violent pour que je puisse en profiter pleinement, j'aurais préféré des collègiens de 3ème plutôt que des élèves de CM2 plus matures qu'un moine tibétin de 90 ans.
Un autre problème, qui est en fait plus un questionnement: si vous avez de tels pouvoirs, n'allez-vous pas présupposer que quelqu'un peut aussi les avoir ? Satoru n'a pourtant pas l'air de se poser la question et j'aurais au moins aimé qu'elle soit évoquée et envisagée dans le cadre de l'histoire.
Un autre questionnement pour terminer:
vous voyez votre mère morte au sol un couteau dans le ventre. La voisine arrive, vous essayez vraiment de vous disculper ? Vous avez le temps de voir que le portable sur la table a disparu ?!
C'est à se demander qui est le psychopathe dans cette histoire. En ce qui me concerne je demande de l'aide, je ne commence pas à me justifier.
Pour conclure, c'est une oeuvre qui propose beaucoup d'éléments intéressants, mais qui manque de profondeur sur certains aspects. Peut-être à cause d'un format très court de 12 épisodes ne permettant pas beaucoup de marge de manoeuvre.
Nerium