Lui Koshi Rikdo promettait une oeuvre d'animation expérimentale, et même si je vois cette oeuvre près de 20 ans après sa sortie, je suis plutôt content de l'avoir vue.
Présenter Excel Saga est difficile car Excel Saga est tout ce qu'il y a d'absurde dans l'animation japonaise, et c'est peu dire. Notre héroïne, Excel, fraîchement diplômée, rejoint une organisation secrète du crime pour conquérir le monde avec Il Palazzo, dictateur complètement parodique. Et le fil du scénario est plus ou moins suivi, et sert de fil rouge à l'animé qui brise des dizaines de fois le quatrième mur, faisant référence à ce fameux scénario.
En cherchant bien, l'ensemble est cohérent et bien construit. Mais il y a un gros mais. Je me suis ennuyé à certains moments, alors qu'à d'autres j'ai trouvé la série proche de ce qui pourrait se faire de mieux dans le genre.
Visuellement Excel Saga est impressionnante en employant des styles différents. Allant même jusqu'à insérer de vraies images dans l'animation (j'ai pas souvenir d'avoir vu ça ailleurs), JC Staff a fait un boulot remarquable et dans les codes de ce que la série prétend être. C'est un style spécifique à ce studio qu'il faut certes apprécier, qui n'est pas le plus tapageur mais qui est suffisamment bon. Ce n'était pas les meilleurs à l'époque cependant à mon goût, j'ai tendance à préférer les productions de Bones (un peu postérieures à Excel Saga j'avoue comme Rahxephon ou Wolf's Rain mais qui ne servait pas le même type de récit). Les effets spéciaux sont là, et JC Staff y est allé de tout son cœur pour suivre les délires de l'ami Rikdo et l'autre ami Watanabe.
Musicalement, on a un opening qui est très symbolique de la série. Tout y est dit. Les thèmes de l'animé en lui mêmes sont très pêchus quand il faut, jusqu’à cet apothéose qu'est l'ending, ce boléro de Menchi qui doit être considéré comme l'un des ending les plus fous de tous les temps. C'est brillant, si je devais noter il est très clair que la note serait excellente sur ce point. Et j'ai envie de dire qu'entendre Kotono Mitsuishi chanter, c'est comme manger une Danette.
Et ce que l'anime raconte, il le fait avec brio. Mais expérimentalement. Tout est fou, rien n'a de sens, et rien ne va... tout est chaos. Tout est justifié pour conquérir la ville de F, de la parodie de sentai, des parodies d'animes pour filles, parodies d'animes de sport... des références à gogo qui font des clins d’œil au cinéma, à la culture japonaise (en masse d'ailleurs) et à d'autres cultures. Cet anime ne respecte rien ni personne. Le bouquet final est juste délirant.
Mais je me suis ennuyé trop de fois, comme devant Cyril Hanouna (histoire de comparer au non sens de nos jours). Trop de redite à mon goût, des moments sans grand intérêt. J'ai été plus fan de Nichijou en comique et en choses sans aucun sens, même si il faut rendre à Excel Saga la palme de celui qui va le plus loin.
Ne vous fiez pas à cette critique un peu dure de ma part, c'est très drôle pour peu qu'on aime l'absurdité, mais dans l'absurdité il est difficile de tout aimer. C'est pourquoi Excel Saga, aussi bon soit-il, ne peut pas être un anime référence ou quoi que ce soit.
Et c'est d'ailleurs le parti pris de départ qui empêche cet animé d'être génial, excellent ou le meilleur. C'est expérimental. Mais pour une expérience, elle est vraiment réussie. Excel Saga n'aura de cesse de vous épater si vous accrochez à ce délire. Jusqu'à la dernière seconde il y a quelque chose à voir. Peut-être constaterez-vous des longueurs, mais c'est bien peu devant l'audace que représente l'écriture et la production d'une telle oeuvre. C'est en ça que cet anime est
unique, et lui faut une place particulière pour moi dans ma culture sur la japanimation. Il est seul dans sa catégorie puisque je n'en connais pas d'autre. Et donc sans être un chef d'oeuvre, cette oeuvre est la meilleure expérience absurde que vous pourriez faire. N'oubliez pas votre ration de secours en cas de faim.
(C'est bon vous me relâchez Il Palazzo? J'ai fini mon rapport.)
P.S: Kotono Mitsuishi, la voix d'Excel... la voix de Misato Kisaragi dans "Evangelion", Mireille Bouquet dans "Noir" et... Ebichu. Voilà tout est dit, Madeleine de Proust power.
P.S2: Cette série est aussi la preuve que l'animation n'est pas faîte que pour des enfants. Mais vraiment pas.