Fargo : Small town. Big crime. Dead cold
2006. Minnesota. Ceci est une histoire vraie. A la demande des survivants, les noms ont été changé. En dehors du respect dû aux morts, les évènements sont relatés exactement comme ils se sont passés.
Ambiance…
Lester Nygaard (Martin Freeman), petit vendeur d’assurance dans un trou paumé du Minnesota, a tout du loser parfait : un brave type, passe-partout, rabaissé par sa femme qui le compare en permanence à son petit frère, peu sûr de lui, se laissant marcher sur les pieds…. Un soir, il fait la rencontre aux urgences d’un type assez mystérieux et assez inquiétant (Billy Bob Thornton) qui en le poussant à s’affirmer contre les autres, l’enferre dans une spirale criminelle des plus violentes mais aussi absurdes.
On retrouve bien ici, la structure des films des Frères Cohen: un total loser qui se retrouve embarqué un peu malgré dans une situation qui le dépasse mais qui à un moment donné s’approprie le truc. Ainsi que l’esprit général : une histoire totalement rocambolesque,excessive mais aussi extrêmement drôle, cynique et violente.
Je n’ai pas vu Fargo (le film) donc je ne peux pas dire si l’adaptation apporte un plus, ou si c’est fidèle ou si c’est une horreur, un blasphème etc… Non, tout ce que je peux dire c’est que ce que j’ai vu m’a convaincue, m’a littéralement transportée et que, pendant 2 jours mon univers s’est résumé au périmètre d’un lit 2 places, des bras enveloppants, un trou paumé du Minnesota, de la neige, des personnages bizarres mais attachants, et de graaaands espaces vides.
Le pilote est fulgurant : les bases de ce qui va être un récit à tiroir sont posées de façon efficaces et on devine à peine mais suffisamment pour voir notre curiosité éveillée où le scénario veut nous mener. On y croit et on se laisse prendre au rythme un peu décalé voir assez tranquille de la série. Car elle prend son temps, sans pour autant être molle du genou (the walking dead ou modèle du genre) ou contemplative, elle est loin des schémas habituels de la majorité des séries actuelles où tout va à 300 à l’heure. Il faut dire que le sujet ne s’y prête pas, il faut le temps de mettre en place un récit alambiqué qui doit un peu tout au hasard de rencontres.
On s’attache sans grande difficulté aux personnages pourtant complètement tarés (oui oui même le tueur fou), personnellement j’ai totalement pris fait et cause pour Lester alors qu’honnêtement il agit comme un immonde connard. (ça tient peut-être au fait que c’est ce bon Watson mais je félicite Noah Hawley d’avoir réussi cette gageure : transformer Martin Freeman en un chouette connard.) Mais on est aussi à fond pour la policière Molly Solverson qui lutte contre vents et marées pour résoudre la pluie de meurtres qui s’est abattue sur sa petite ville. Il faut dire que le casting est parfait : on pourrait reprocher à Martin Freeman de toujours jouer les losers de service mais bon … là, il excelle tout particulièrement.
martin freeman animated GIF
Billy Bob Thornton est lui tout simplement parfait : incarnant un personnage ultra-violent mais surtout ultra-drôle avec une tête à mourir de rire (enfin pas tout le temps parce qu’il peut être sacrément flippant.).
fargo animated GIF
Colin Hanks est également parfait dans son rôle de flic maladroit mais plein de bonnes volontés.
Et il en va de même pour les persos secondaires comme le père de Molly, Lou ou encore le duo comique de tueurs à gages ou encore celui des mecs du FBI. Il faut dire que leurs rôles sont fouillés, bien écrits et jamais superflus. De plus, les dialogues aident grâce à leur côté percutant et soigné !
C’est souvent absurde, les blagues fusent aux moments les plus inattendus et on est valdingué entre effarement, dégoût et stress!
Donc je résume, un pitch béton, des acteurs parfaits, de super dialogues mais pas que!
Un travail très intéressant sur la photographie : rien que les ouvertures de chaque épisode valent le coup d’oeil, c’est très graphique. Les transitions sont soignées aux petits oignons. Pareil niveau son : la bande son est parfaite en harmonie avec les magnifiques plaines du Minnesota.
Une partie de l’histoire peut dérouter : celle qui concerne Stavros (vous comprendrez le moment venu). Il faut dire qu’elle n’est connectée au récit que par le lien Lorne Malvo. Pour moi, il s’agit d’une parabole comme celles qui égrènent les dialogues des personnages. Elle donne du corps au personnage de Malvo et une sorte d’éclairage certes peu lumineux sur lui.
Le seul hic : la fin. Plutôt décevante. Bien mais décevante. Il y a une telle montée en pression jusqu’à l’épisode 9 que l’on est un peu déçus par cette fin qui pour moi n’est pas trop dans l’état d’esprit qui guide tout le film. Mais je n’en dis pas plus.