L'affrontement entre deux reines de l'écran, comme seul l'âge d'or du cinéma hollywoodien et surtout comme seuls les tempéraments exceptionnelles des principales concernées étaient capable de façonner, de deux titans, Joan Crawford et Bette Davis, la rivalité exceptionnelle qui a eu l'occasion de s'exprimer le temps d'un film, d'un seul, mais quel film, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?...
Mais ô surprise, ce n'est pas uniquement sur le tournage de ce fameux film que le très prolifique Ryan Murphy va s'étendre. Car on va enchainer sur la Cérémonie des Oscars pendant laquelle Crawford se vengera sournoisement de ne pas avoir été nommée contrairement à Davis, sur le tournage perturbé de Chut... chut, chère Charlotte (qui contrairement à ce qui est dit dans la série est pour moi aussi réussi que Baby Jane !!!), et puis sur les tentatives vaines de ses actrices, adulées comme personne dans les années 30 et 40, de se maintenir à tout prix dans la lumière en acceptant n'importe quel rôle...
Alors l'ensemble a ses qualités et ses défauts.
Comme grande qualité, il faut tout d'abord signaler les interprétations magistrales de Jessica Lange et de Susan Sarandon qui se fondent entièrement dans leurs personnages qu'on en oublie très vite que ce ne sont pas les originales qu'on a devant soi. Ensuite des seconds rôles qui assurent un max comme Alfred Molina dans la peau de Robert Aldrich ou encore Stanley Tucci dans le rôle de Jack L. Warner. Enfin bref, tous les acteurs sont incroyablement bons ici et on se dit qu'on peut faire tous les reproches du monde à Ryan Murphy excepté celui de ne pas savoir choisir ses comédiens. Le meilleur de la série réside dans cet ensemble d'interprétations.
Ensuite, j'ai trouvé le personnage de Joan Crawford, magnifiquement creusé. Murphy et Lange lui donnent une belle dimension. On sent bien que Murphy a une fascination immense pour l'actrice du Roman de Mildred Pierce, beaucoup plus que pour Bette Davis, et c'est là que le bat blesse...
On pouvait s'attendre à une égalité de traitement, moitié-moitié pour Crawford et Davis, ben non ce sont les trois quarts pour Crawford, le reste pour Davis.
Là, il y a un problème d'écriture. Autant des révélations sur ou de Crawford sont bien amenées, parce que le scénario prend bien le temps de les amener, autant ce qui est amené sur Davis, est balancé comme ça, d'un coup, on ne prend même pas le temps au préalable de bien amener ça. Bette Davis avait une fille handicapée, on nous balance ça au dernier épisode, sans véritable raison alors que bien amené, sur plusieurs épisodes, ça aurait eu une justification d'ordre tragique et l'occasion aurait été parfaite pour creuser le personnage. Pareil lorsque l'actrice d'All About Eve révèle qu'elle garde toujours les stigmates d'une tristesse profonde du fait que Jack L. Warner s'était foutu de sa gueule à la vision de sa première audition, rien avant n'avait fait pressentir cette tristesse latente et justifie donc cette révélation.
Autre problème qui me dérange par rapport à ce que je sais de Bette Davis. Que Davis ait ressenti de la haine et de la jalousie pour Crawford, c'est incontestable, de l'admiration, c'est plausible car paradoxalement pas du tout incompatible avec la jalousie et la haine, mais de la pitié, non franchement j'en doute...
Enfin bref, sur le plan de l'interprétation, je donne 10/10, pour Joan Crawford, allez 10/10 aussi, mais pour Bette Davis, 5/10 et en grande partie grâce à Susan Sarandon... Feud veut dire "querelle" et pour une querelle, il faut au moins être deux ; dommage que Ryan Murphy l'ait oublié un peu trop...