Saison 1;
Quiconque chérit l'humour anglais et l'accent londonien - comme moi - ne pourra qu'adorer ce "Fleabag", sorte de faux-"Girls" (sujet similaire, traitement radicalement opposé...) mâtiné de stand-up comédie, où l'absence du quatrième mur permet à Phoebe Waller-Bridge - souvent en mode "destroy" - de retrouver certaines fulgurances de Ricky Gervais dans "The Office". Si l'on rit beaucoup à la vision d'un premier épisode vraiment emballant, la suite de cette (trop) courte série devient peu à peu plus surprenante, plus malaisante, voire plus désespérée tandis que le chaos (émotionnel et physique) gagne tous les aspects de la vie de notre belle héroïne déjantée et limite nymphomane : le dernier épisode, qui bouleversera les plus impressionnables d'entre nous, couronne le sacrement d'une nouvelle actrice comique notable, que l'on suivra désormais avec grand intérêt... [Critique écrite en 2017]
Saison 2 :
Après la déception causée par son "Killing Eve", on attendait avec impatience le retour annoncé de la talentueuse et pétulante Phoebe Waller-Bridge à "Fleabag", son réjouissant OVNI déjanté. Et, admettons-le, le plaisir est au rendez-vous, avec cette comédie de moeurs "perchée" héritée de Woody Allen et de "Girls", magistralement construite sur le déséquilibre et la gêne (ce dernier ingrédient faisant clairement partie de l'extrême "anglicité" de la série...). On dévorera donc à toute allure ces 6 épisodes de 30 minutes, qui constituent une nouvelle fois un met de choix au menu de la grande brasserie post-moderne qu'est devenu la série TV internationale.
S'il y a néanmoins une petite réserve- oh, on pinaille, là -, c'est que le sujet central de la saison, la liaison de l'héroïne avec un prêtre sexy (délicieusement incarné, c'est le terme, par le très bon Andrew Scott, toujours à la limite du psychopathe...), sent un peu trop la provocation facile, et qu'il manque ici le cruel déchirement final qui ouvrait un véritable abîme dans la première saison.
Mais cette légèreté plus grande du scénario est compensée par l'idée positivement géniale qu'a eu Phoebe Waller-Bridge de rendre le jeu de son héroïne avec le "quatrième mur" visible au personnage du prêtre, ce qui introduit un niveau supplémentaire d'étrangeté dans certaines scènes... Sans même parler de ce curieux non-dit de l'autrice sur la raison de sa mèche tombante, raison à demi dévoilée par plusieurs erreurs (volontaires ?) de champs-contrechamps, puis dans un geste rapide lors d'une séance chez le coiffeur : c'est ce genre de choses, comme ce demi-aveu s'apparentant à un acte manqué, qui ajoute à "Fleabag" une humanité lui permettant de dépasser sa joyeuse loufoquerie.
Si cette saison est vraiment la dernière, alors "Fleabag" nous manquera.
[Critique écrite en 2019]
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