Foundation
6.1
Foundation

Série Apple TV+ (2021)

Voir la série

On se dit qu'il aurait peut-être fallu filmer les pages du livre pour satisfaire les orthodoxes confondant adaptation et photocopiage. Le respect qu'inspire une oeuvre telle que Fondation ne se situe pas dans la transposition visuelle de la moindre virgule, mais dans la capacité à traduire l'écrit à l'écran: une autre langue pour une même histoire. Bien avant le sexe d'un personnage, si tant est qu'on puisse considérer que les robots ont un sexe, voir même un genre, ce qui prime avec une telle épopée, c'est d'en retrouver les contours.


Les contours de l'oeuvre sont tous présents dans cette adaptation et, plus important encore, tracent avec une déconcertante facilité la philosophie qu'Asimov voulait partager avec le lecteur: le libre-arbitre face au destin, l'individu face à la civilisation. Il n'est rien de plus important, car le cycle de Fondation marque beaucoup moins par tel personnage, telle narration, que par le vertige que procurent les enjeux soulevés durant un millénaire, comme un futur résonnant au présent.


De même artistiquement, l'imagination n'avait peut-être pas rêvé de cette manière les vaisseaux spatiaux, les planètes, villes et autres modes vestimentaires. Mais encore une fois, on adhère à l'esprit d'un Empire Galactique aux proportions orgiaques et à la splendeur visuelle rare. On ressent à l'écran le plaisir qui semble avoir présidé au travail des designers et plasticiens, plaisir de partager autant que de créer. Plaisir qui explose dès le générique.


Jusqu'aux acteurs, tels Jared Harris, toujours aussi impeccablement Irlandais, mais surtout Lee Pace, d'une parfaite excellence en Cléon, tout aussi attachant que repoussant, magnanime qu'impitoyable. Le bémol sera plutôt à chercher du côté de Laura Birn, trop en retrait, perdant le côté marionnettiste du Demerzel version écrite. Le bât blesse autant par l'écriture de son personnage que par son jeu un peu trop timoré.


La série en perd à peine de saveur, tant elle est à la hauteur de ce qu'il était autorisé d'espérer. L'ampleur est là, les enjeux gigantesques de la narration également, accompagnés d'une bande originale en forme de cerise et une vision artistique au service de l'écrivain. C'est vrai que cette adaptation ne reprend pas trait pour trait cette bible qu'est le cycle Fondation, il a fallu se l'approprier pour ensuite retrouver l'oeuvre originale dans ce qui caractérise la création audiovisuelle...et c'est une authentique réussite.

Jambalaya
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 1 déc. 2021

Critique lue 407 fois

7 j'aime

2 commentaires

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 407 fois

7
2

D'autres avis sur Foundation

Foundation
picsoule
8

Les puristes sont chiants

Concrètement les gens qui ont lu Asimov, Herbert ou quelque autre auteur « inadaptable » que ce soit, vous n’êtes pas la cible de ces adaptations qui évidemment impliquent par cette sémantique, des...

le 25 sept. 2021

71 j'aime

51

Foundation
Robin_Legras
3

Critique basée sur les 3 premiers épisodes, soit l'adaptation de la nouvelle "Les psychohistoriens"

J'ai vu les 2 premiers épisodes. (épisodes suivants édités à la fin) Pour commencer, la critique de ces 2 épisodes est légitime car elle concerne juste les 2 épisodes et que ceux-ci sont une...

le 26 sept. 2021

56 j'aime

3

Foundation
mikeopuvty
1

Helicon comme la lune

Cela fait plusieurs dizaines d’années que Foundation passe entre toutes les mains pour être adapté. On a parlé de Martin Scorsese ( pitié non ! ) Jonathan Nolan ( j’ai vomi dans ma bouche ) et à...

le 2 sept. 2023

56 j'aime

26

Du même critique

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

155 j'aime

26

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

155 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

153 j'aime

15