J'ai vu les 2 premiers épisodes. (épisodes suivants édités à la fin)
Pour commencer, la critique de ces 2 épisodes est légitime car elle concerne juste les 2 épisodes et que ceux-ci sont une adaptation plus qu'intégrale de la nouvelle "Les Psychohistoriens". C'est de cela que nous allons parler.
je n'ai jamais pensé que Fondation était inadaptable. Le contenu du premier roman comprend 5 nouvelles dont chaque récit pouvait être raconté en 1h de métrage. C'est un format qui existe déjà. Changer d'acteurs à chaque épisode, des épisodes longs. C'est Black Mirror. Donc rien ne rendait Fondation inadaptable.
L'épisode 1 constitue une adaptation fidèle et infidèle de la nouvelle. Le déroulé et des pans de dialogues sont reconstitués fidèlement. MAIS. Il y a des coupes dans les dialogues qui font qu'on n'accède pas à la finesse de Hari Seldon et à une perception plus ésotérique de la géopolitique de l'Empire par rapport au livre. Ce qui est dommage quand ce récit défend une perception scientifique. Mais pire que ça, l'épisode n'hésite pas, au nom du soit-disant divertissement, abimer la cohérence du récit. Je parle bien entendu de la fameuse explosion en fin d'épisode qui a des allures de facilité scénaristique effrayante et qui rend caduque la psychohistoire défendue par Seldon. En effet, la temporalité qu'il propose semble brisée par cet évènement. De plus, il aurait dut pouvoir le prévoir tant cet évènement dépend de la psychohistoire. 100 millions de morts, des bouleversements géopolitiques et une explosion qui a pour origine des plans politiques, et des situations géopolitiques.
Quand on rentre dans les détails des systèmes de Seldon, cet attentat fait complètement parti du domaine auquel Seldon s'intéresse.
Incohérence également concernant le fait que Seldon est en procès l'éventuelle diffusion de ses thèses menacerait la confiance en l'Empire, et c'est d'ailleurs une donnée dont Seldon a conscience et qui justifie le plan vers Terminus. A quel moment il est cohérent que son procès soit diffusé en direct sur toute la planète capitale quand on voit la teneur des questions posées ? Ca va à l'encontre même des intentions de l'empereur.
Plus tôt, je parlais de soit-disant divertissement pour une raison simple. Il est illusoir de croire que faire Boum-Pataboum-Bang suffit à créer du divertissement. Un évènement spectaculaire est divertissant quand celui-ci parvient à communiquer l'ampleur comme si le spectateur en était parti-prenante (réussite mitigée en l'occurence car si le sentiment de gigantisme est de mise, la musique pompière et la timidité de la créativité ne suffisent pas à parvenir à cette osmose) et à l'inclure dans un contexte pertinent, parlant et qui produit de l'effet. Et là c'est complètement raté tant cet attentat semble avoir des conséquences mineures sur la vie que l'on voit à l'écran, sur le procès, sur la psychologie des personnages. Et c'est normal car le scénario reprend le cheminement du livre et que cet attentat est une invention de la série. Il n'a donc pas d'impact sur l'histoire, même si on devine qu'il va provoquer le démentêlement de l'empire à long-terme (avec 50 ans d'avance du coup ?)
Mais pire que ça, tout cela est entrecoupée de séquences racolleuses, inutiles, qui dispersent le récit vers l'inutile et réduisent l'efficacité globale. L'histoire de l'Eglise, des parents de gaal, les clones de l'empereur. Tout cela brille par son absence de finesse, de profondeur, d'intérêt. On retrouve des poncifs de la sf médiocre, ajoutés ici pour faire du remplissage. Quel remplissage ??? Au lieu de remplir, n'aurait-il pas plus pertinent d'approfondir les dialogues avec la matière que vous adaptez ? Avez vous parié que vos spectateurs ne seraient pas intéressés par cette matière ? Et cela signifie-t-il que vous avez adapté Fondation pour des gens qui ne s'intéresseraient pas suffisament au coeur du récit ? C'est un pari suicidaire.
L'épisode 2 est un condensé de tous ces défauts puisqu'il s'agit d'une suite complètement écrite pour Apple+ de la première nouvelle. On y suit la love-story de Gaal, ses séances de natation, le mal-être du fils adoptif de Hari Seldon car son vrai père est devenu alcoolique, la frustration d'une femme qui doit attendre 4 ans avant d'avoir un enfant, et la douleur d'un dignitaire de l'empire devant la douleur des gens morts dans l'attentat. plein de petits thèmes décousus, sans rapport avec le récit principal, pas assez développés pour être intéressants et qui constituent dès lors un simple remplissage de qualité simplement médiocre. Et surtout la fin de l'épisode 2 constitue l'incarnation de ce qu'est un mauvais feuilleton. Cliffhanger au rabais et scénario en roue libre qui nous mène sur des chemins douteux.
On verra où nous mène la suite, mais la façon de faire avec laquelle a été attaquée cette série est très mauvaise, et cette série n'est pour l'instant ni une bonne série, ni une bonne adaptation.
EPISODE 3 vu :
Rien ne va. On va pas faire du point par point, l'épisode tient globalement par une accumulation de gimmicks de films sf de seconde zone ou de blockbuster américain contemporain sans saveur. En gros, les plans, les dialogues, les thèmes ne sont que des resucés de ce qu'on connait déjà. Le soucis avec les thèmes, c'est qu'ils sont balancés avec une désinvolture telle qu'elle ne peut masquer la réalité du contenu de ce qu'on voit à l'écran : 50 minutes à remplir pour éviter de faire avancer l'histoire trop vite. Comme s'il fallait faire 10 épisodes de 50 minutes avec pas grand chose à raconter. C'est tragique quand on connait le matériau de base.
On a donc le droit à des dialogues mauvais, à des séquences qui tournent autour du pot, à un déroulé global qui ne raconte rien (excepté sur les 5 dernières minutes qui posent un enjeu) et pire que ça, on oublie complètement toute les questions - certes pas si intéressantes que ça - qu'un épisode 2 - certes médiocre - avaient posé. Ce qui montre dès lors que cet épisode 2 qui amenait maladroitement tout un tas d'éléments qui auraient put trouver sens dans cette suite, n'amenait des éléments que pour remplir.
Quelques exemples : le débat des encyclopediste pour choisir entre le cadran solaire et le sablier à eau relève d'une blague. Rien ne justifie qu'ils doivent se passer de l'un des 2 et rappelons que nous sommes en l'an 10 000 et que l'enjeu est de préserver des connaissances qui ont certes commencées aux origines de la civilisation, mais qui ont continuer à progresser des millénaires encore par la suite.
Salvor Hardin devient désormais une sorte de "personne exceptionelle" qui doit être traitée comme les autres. On nous ressort de façon détournée une sorte d'élu au point où on pose l'idée que cette personne pourrait comprendre la psychohistoire sans formation... une discipline scientifique.
au niveau de l'image, rien de nouveau. C'est beau mais c'est fade, c'est filmé bien cadré et c'est filmé sans intérêt. C'est propre, sans relief, ça ne dépasse pas, ça ne propose rien.
Le qualificatif mauvais me parait donc adéquat à ce niveau. Et c'est tragique. On voit petit à petit apparaître la méthode employée pour écrire ce récit et je ne l'approuve absolument pas.