Friends from College, c’est un peu comme si tu retrouvais tes potes d’université après des années, sauf que tu réalises très vite qu’au lieu de l’éclate et des souvenirs nostalgiques, tu te retrouves coincé dans un tourbillon de drames embarrassants et de décisions questionnables. Cette comédie dramatique, qui aurait dû être un cocktail pétillant de rires, d'amitiés et de conflits générationnels, finit par ressembler à une gueule de bois émotionnelle où les gags tombent à plat et où les personnages te donnent plus envie de fuir que de les inviter à ta prochaine fête.
L’intrigue tourne autour d’un groupe d’amis qui se retrouvent à la quarantaine, vivant à New York et, pour certains, vivant encore comme s’ils étaient dans leurs années d'université. Leurs relations sont un peu comme un vieux vin bouchonné : il y a peut-être eu quelque chose de bon à un moment, mais tout a mal vieilli. Ethan (Keegan-Michael Key), Lisa (Cobie Smulders), Sam (Annie Parisse), Nick (Nat Faxon), Marianne (Jae Suh Park), et Max (Fred Savage) forment cette bande de quadragénaires qui, à force de mal gérer leur vie d’adulte, finissent par rendre chaque situation plus gênante que la précédente.
Le gros problème de Friends from College, c’est que la série ne sait pas sur quel pied danser. Elle essaie d’être à la fois une comédie de potes avec des blagues décalées et une série dramatique sur la complexité des relations à l’âge adulte. Sauf que ces deux genres ne s’entremêlent pas très bien ici. Chaque épisode tente de jongler entre ces deux tons, mais au lieu de créer un mélange harmonieux, ça finit par donner un résultat bancal. On passe des blagues potaches à des situations de tromperie lourdes de conséquences, sans vraiment savoir si on doit en rire ou en pleurer.
Les personnages eux-mêmes sont un autre point de frustration. Ils sont censés être un groupe d’amis auxquels on pourrait s’identifier, mais en réalité, ils sont souvent égoïstes, immatures, et… pas très sympathiques. Ethan, le personnage principal, est un bel exemple : il passe la majorité de son temps à faire des choix douteux tout en se plaignant de ses propres erreurs. Ses tentatives d’humour, bien que portées par le talent comique de Keegan-Michael Key, tombent souvent à l’eau parce que le personnage lui-même est trop peu attachant pour qu’on veuille vraiment rire avec lui.
Les autres membres du groupe ne s’en sortent pas beaucoup mieux. Lisa, sa femme, est coincée dans une relation où la communication est aussi absente qu’un étudiant à son premier cours de 8h. Sam, qui entretient une liaison avec Ethan (oui, ça ne va pas améliorer le charme du personnage), se débat avec sa propre vie de famille et ses choix de vie douteux. Quant à Max, Nick et Marianne, ils sont relégués à des rôles de soutien avec des arcs narratifs souvent sous-exploités, malgré le potentiel comique et dramatique qu’ils auraient pu apporter.
Là où Friends from College aurait pu briller, c’est dans sa capacité à capturer cette phase étrange de la vie où l’on réalise que, même à quarante ans, on n’a pas tout compris. Cette quête de sens, la gestion des vieilles amitiés et des relations compliquées, tout ça aurait pu donner une série à la fois drôle et touchante. Mais malheureusement, la série opte pour des situations où les personnages s’enfoncent eux-mêmes dans des drames inutiles, sans réelle évolution ou remise en question. Résultat : on a parfois envie de leur crier "grandissez un peu !" à travers l’écran.
Visuellement, Friends from College ne sort pas des sentiers battus. C’est une série Netflix standard avec des décors urbains propres, des appartements trop bien décorés pour être vrais, et des soirées fancy qui rappellent qu’on est loin des étudiants fauchés que ces personnages étaient censés être autrefois. Rien ne surprend, mais rien ne choque non plus. C’est l’arrière-plan parfait pour leurs désastres émotionnels, même si tout ça manque un peu de personnalité.
En termes d’humour, la série essaie, vraiment. Il y a quelques moments où les dialogues fonctionnent, où la dynamique entre les acteurs (qui sont tous talentueux, il faut le reconnaître) parvient à arracher un sourire. Mais ces moments sont rares et souvent noyés sous une avalanche de décisions scénaristiques qui te laissent plus frustré que diverti. L’humour de Friends from College oscille entre le potache et le cringe, mais sans jamais vraiment atteindre un équilibre satisfaisant. Au final, tu te retrouves à rire non pas parce que c’est hilarant, mais parce que c’est inconfortable.
En résumé, Friends from College avait les ingrédients pour être une série qui parle à toute une génération en crise existentielle. Mais au lieu de cela, elle livre un portrait d’amitié qui manque de cohérence, de personnages auxquels on aurait envie de s’attacher, et d’humour vraiment percutant. Si tu espérais retrouver la chaleur des comédies de potes avec un brin de nostalgie et d’humour bien senti, tu risques d’être déçu. Comme une soirée entre anciens amis qui tourne mal, Friends from College te laisse avec l’impression d’être resté un peu trop longtemps à cette fête, sans avoir vraiment passé un bon moment.