Voici l'anime qui a tout compris : ce que j'attends, ce que je demande, et même ce qui me dérange.
Étant de la génération Dragon Ball (espèce de mètre étalon de ce qu'il est convenu d'appeler « dessin animé japonais », en Europe), mais n'ayant jamais réellement trouvé ce qui faisait le sel (sans pour autant détester, loin de là) de la série selon mes amis, me voilà, à 23 ans, frissonnant devant mon écran comme j'aurais pu le faire il y a 15 ans.
Puisque tout est une question d'alchimie, laissez-moi vous expliquer comment transmuter une série passionnante, composant par composant.
- Une intrigue. Si complexe et s'emboitant si parfaitement épisode après épisode, que vous vous inclinerez devant autant d'audace et de talent. La capacité à peine croyable de créer un monde, une mythologie, autant de personnages, de liens et de conflits dans une seule œuvre, sans que jamais vous ne vous sentiez abandonné en route. Chaque intervenant est le héros d'un instant, et participe à la grandeur du scénario.
- De la gravité. Cette série est certes résolument adulte, mais ce n'est pas l'abondance du sang qui le prouve. C'est la simplicité et la résonance des sujets abordés : la mort et le deuil, le pouvoir et ses implications, l'émancipation de l'être face au divin, la fraternité, l'humanisme et ses sacrifices, pour ne citer que ceux-là.
- De l'humour. Beaucoup d'humour. Toujours teinté d'autodérision, montrant le recul des scénaristes sur chaque élément de l'intrigue. Un humour ciblé, qui s'impose jusque dans les moments de tension extrême, comme une piqure de rappel pour ne pas nous laisser prendre tout ceci trop à cœur, à s'arracher les ongles des doigts.
- Un rythme. 64 épisode d'un peu plus de 20 minutes (posologie : dévorer 4 par 4). Le début de l'histoire, à l'instar de bien des œuvres, nous laisse un peu froid quant à la capacité de créer quelque chose de complexe (et d'héroïque) à partir de l'histoire malheureuse de 2 enfants pas forcément attachants. FMA:B est lent, et va au rythme des pérégrinations de nos héros, voyageant d'un bout du pays à l'autre, prenant le temps de découvrir les habitants et la culture de chaque nouvelle contrée. C'est l'histoire d'un apprentissage. D'un voyage vers la connaissance. Et, oui : ça prend du temps.
Vous vous retrouvez à regarder la série comme un rendez-vous avec un autre monde, que vous apprendrez à connaître comme si vous y étiez. Puis soudain, alors que vous vous sentez chez vous, tout s'emballe dans les 15 derniers épisodes. Ce qui n'est pas loin d'être votre monde, tout ce que vous avez connu jusqu'à présent, est remis en question. Tout est multiplié, transcendé épisode après épisode.
- Les combats. De la chorégraphie aux petits oignons (décomposer certaines scènes est réellement bluffant), teintée de magie et toujours parsemée de dialogues intelligents, servant l'action et non pas l'inverse. Non, FMA ne vous présente pas pendant trois épisodes un méchant pas beau, avant de mettre 8 épisodes à l'anéantir. C'est peut-être bavard, mais toujours juste quand il le faut.
- Des choix graphiques, souvent à contre-courant. Des images de synthèse, parfois trop, parfois quand il n'en faut pas, mais toujours de l'originalité. C'est toujours bon à prendre.
J'aimerais vous parler plus longtemps de la culture, du respect de l'humain, de la remise en question de Dieu, du sacrifice et de l'utilité des péchés capitaux, mais je pense qu'il est plus
sérieux de vous conseiller de faire votre apprentissage seul.
Enfin, n'oubliez pas de le regarder en V.O, c'est tout de même fichtrement mieux.
Arigatō gozaimasu !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste