Tout le monde veut sa part du gâteau
C'est à la limite ce qui peut le mieux résumer cette histoire complexe et dense, où plusieurs familles, plusieurs maisons, plusieurs fratries, se disputent un trône : le Trône Royal de Westeros. A partir de ce topo général, le scénario vacille entre plusieurs intrigues : intrigues politiques, religieuses, royales, sentimentales, etc. Je ne vais pas m'étaler sur le récit. D'autres sur ce site l'ont déjà très bien fait. Et quand bien même vous ne connaissez rien à l'histoire de cette fiction : c'est tant mieux ! Au moins la surprise sera totale et vous pourrez déguster pleinement la subtilité du scénario, ou plutôt des scénarios.
Oui, car « subtilité » est le bon mot. On le sait par avance (relativement à des références littéraires, cinématographiques ou vidéoludiques antérieures) : l'univers Fantasy est complexe, riche et sujet à de multiples ressources créatives. George R. R. Martin nous le prouve en publiant sa saga d'ouvrages, qui a ensuite inspiré Benioff et Weiss pour l'adaptation audiovisuelle.
Alors certes, le format feuilleton favorise ce type d'adaptation, car la démultiplication du temps par épisode réalisé permet d'allonger considérablement l'intrigue. A vrai dire, les créateurs ne s'en privent pas. Chaque personnage est détaillé, situé dans son contexte géographique et social. Chaque intrigue est développée sur le même format, ce qui évite de négliger un récit clos par rapport à un autre. Bref, le schéma narratif est parfaitement maîtrisé. De fait, on ne s'ennuie pas une seule seconde et on se nourrit pleinement de chaque narration, car on sait qu'à un moment donné tout va se regrouper et que ça pas péter sec !
Un récit riche donc, porté par un casting impeccable, voir parfait. Il n'y a pas de fausses notes. Les humeurs sont justes, les intentions sont bonnes, le rôle de composition est contrôlé. En tête, les personnages d'Eddard Stark (pour son charisme et sa bravoure), de Jon Snow (pour son innocence et sa détermination), de Catelyn Stark (pour sa classe), de Jamie Lannister (pour son insolence physique), Joffrey Baratheon (et un Jack Gleeson bluffant de sadisme) et enfin Tyrion Lannister (le personnage le plus complexe et le plus attachant dans ce monde de brutes).
Du côté des décors et des costumes, c'est également un sans faute. Tous ces éléments esthétiques favorisent pleinement l'immersion. Et alors que la saison 1 privilégiait les décors intérieurs (peut-être par un budget insuffisant), la deuxième saison s'offre d'avantage de plans d'ensemble (sur le Mur, sur l'architecture de Port-Réal, ou sur d'autres territoires environnants). Et même via ce procédé, la modélisation des espaces reste bluffante pour un budget relatif à une série (même si ce dernier grossi de plus en plus). Et que dire de l'esthétique frappante des deux derniers épisodes de la saison 2... A part que cela met l'eau à la bouche pour le troisième volet !
Un autre point positif : le côté cru et "direct" de la mise en scène. En effet, "Game of Thrones" est une série violente et dure. Même si cette brutalité visuelle n'est pas présente dans tous les épisodes (selon l'intrigue narrée), les séquences de tortures, d'exécutions, ou encore de batailles laissent place à des plans sanglants et dérangeants. La violence et le sexe sont des composantes légitimes et même indispensables dans un univers médiéval. Ainsi, les créateurs ne nous cachent rien, ou presque rien...
Vous l'aurez compris (et à vrai dire ce n'est plus une surprise), « Game Of Thrones » est une série de très grande qualité. Il y a un souci du détail et une richesse narrative qui ne laissent pas indifférent. Alors, foncez !
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