...et nous VIVONS de nouveau !
Quelques épisodes attrapés en cours de route le dimanche matin aux alentours de dix heures, c'est tout ce dont je me rappelais avant de redécouvrir cette série sur Sens Critique par un cliquetant hasard. Ça, et l'image d'une espèce de chauve-souris en calbute :)
Et je ne suis pas déçu. L'histoire est originale, un peu sombre, et présente des personnages charismatiques qui ont chacun leur passé, leur personnalité, leurs forces et leurs faiblesses. Et quels personnages ! Dupés, trahis, chassés, ces anges de la nuit cherchent avant tout à protéger leur demeure arrachée à leur terre natale et plantée à Manhattan. Ils se méfient beaucoup des humains, et leur premier contact n'a pas de quoi leur donner tort, du moins jusqu'à leur rencontre avec un certain inspecteur de police. Surprise et effrayée, Eliza Maza constituera à la fois un émissaire empreint de pureté et un protecteur pragmatique. Elle cherchera à les connaître, puis à les protéger des fourches des imbéciles, tout comme les Gargoyles protégeront les innocents des malfaiteurs.
Les épisodes s'enchaînent en construisant un univers riche en références (Obéron, Avalon, la légende du roi Arthur, Macbeth, les Illuminati... pour ne citer que les plus développées) et en analepses. Gargoyles possède une narration sans faille, où les alliances peuvent évoluer, où d'anciens ennemis peuvent devenir des alliés, où un détail à priori insignifiant peut produire des conséquences dix épisodes plus tard et où resurgissent des personnages que l'on pensait oubliés et jetables. Et si la série semble présenter une bande de gargouilles aux allures très convenues, on se rend finalement compte que l'auteur lui-même détruit l'étiquette de chacun de ses personnages en les développant et en les complexifiant, du meneur costaud sans peurs et sans reproches au gros idiot de service qui ne pense qu'à s'empiffrer, en passant par le petit teigneux faiblard, l'ancien pétri de fierté et le bras-droit complexé.
Et c'est le gros qui gagne le cœur de la Belle :D
Chaque épisode verse une petite once de morale, mais rien de puéril. Il faut quand même se souvenir que la série a été prévue pour les ados et pas pour les vieux cons désabusés comme moi. Je n'aurai aucun problème à présenter la série à mes éventuels enfants, tout en les empêchant de regarder la 212ème saison de Pokémon. Les personnages commettent des erreurs, ils n'attaquent pas toujours la « bonne » personne, les protagonistes ont souvent une raison de se battre : le méchant n'est pas seulement un être machiavélique totalement dénué de logique et de sensibilité, qui s'enfuit à la fin d'un épisode en criant « Je me vengerai ! » avant de disparaître dans un nuage vert, il justifie ses actes par la vengeance, l'appât du gain, la « curiosité scientifique », la haine...
Je regrette un peu le changement de dessinateur intervenu dans les derniers épisodes : Eliza prend un air langoureux en permanence et se pavane en roulant du cul, sans parler des gargouilles qui changent de visage au moindre mouvement. Pour autant, ça ne m'empêchera pas de vous recommander cette série exceptionnelle, malheureusement difficile à trouver en version française.